Impliqué dans l'affaire de paris suspects et de matches truqués qui touchent le Montpellier Agglomération Handball, Nikola Karabatic cristallise toutes les attentions médiatiques.
Une icône mise à mal
Et pour cause. Le joueur de 28 ans est une véritable icône du handball. Joueur star au charisme unique et à la personnalité attachante, Nikola Karabatic détient l'un des plus beaux palmarès en plus d'être un pilier indéfectible de l'équipe de France avec laquelle il a glané deux titres de champion olympique, autant du monde et d'Europe.
Sa garde à vue et sa mise en examen pour "escroquerie par manoeuvre frauduleuse, en l'espèce en étant en possession d'information selon laquelle des joueurs de l'équipe de handball de Montpellier s'étaient entendus préalablement pour modifier ou altérer le déroulement normal de la rencontre entre Cesson et Montpellier" ont été un choc.
A l'issue de sa garde à vue survenue après le match de dimanche face au PSG, l'avocat de Nikola Karabatic, Me Eric Dupont-Moretti avait déclaré que son client reconnaissait les paris, mais réfutait les accusations d'avoir "laisser filer le match". Mais coup de théâtre, ce mardi 2 octobre : le sportif aurait déclaré au juge d'instruction qu'il n'avait jamais parié contre son équipe, chargeant sa compagne Géraldine Pillet.
Géraldine Pillet mise en cause par Nikola Karabatic
Me Éric Dupont-Moretti a ainsi lâché la teneur de l'entretien entre son client et le juge : "Vous me demandez si j'ai parié ? Est-ce que j'ai parié ? Non", aurait-il ainsi lâché. Et c'est donc Géraldine Pillet que le joueur aurait mise en cause : "Est-ce que ma copine a parié ? Oui. Est-ce qu'elle m'a mis au courant ? Oui. Pourquoi a-t-elle parié ? Ça fait deux ans qu'elle suit l'équipe de Montpellier, elle s'y connaît dans le championnat."
La mise en examen s'accompagne pour le joueur d'un contrôle judiciaire lui interdisant d'entrer en contact avec les autres personnes impliquées et les membres du staff du club. Une véritable "mise au chômage" pour Nikola Karabatic, selon les propos d'un autre de ses avocats, Me Phung, qui considère qu'il est aujourd'hui dans l'impossibilité d'exercer son métier. Un crève-coeur pour la star.
"Ce garçon dit au juge : 'C'est un cauchemar pour moi, parce que le handball, c'est ma vie et celle de mon père avant moi'", raconte ainsi Me Dupont-Moretti. "Ces accusations me font très mal, aurait déclaré Nikola Karabatic, en pleurs. Nous livrer à la presse, nous faire arrêter comme des voyous... J'ai dédié ma vie au handball depuis que je suis né. Me faire passer pour un tricheur, c'est inadmissible."
Un changement de défense surprenant, comme le reconnaît le président de Montpellier, Rémy Lévy, interrogé par L'Équipe. Car si Luka Karabatic a reconnu l'existence des paris réalisés par le biais de sa compagne Jeny Priez, elle aussi mise en examen, son frère Nikola réfute désormais l'idée même d'avoir parié, tout en reconnaissant cependant que sa compagne Géraldine Pillet, poursuivie à son tour, a bien misé sur la défaite de Montpellier.
Message à ses fans
Sur son site Facebook, Nikola Karabatic a tenu à remercier ses fans de leur soutien qui le "réconforte dans ces moments pénibles". Il a ainsi réitéré ses explications et une fois de plus mis en cause Géraldine Pillet : "Est-ce que ma copine a parié ? Oui. M'a-t-elle mis au courant ? Oui. Pourquoi a-t-elle parié ? Cela fait deux ans qu'elle suit l'équipe de Montpellier, elle connaissait notre situation : nous étions déjà champions, 5 joueurs majeurs blessés et nous avions perdu à Nîmes, Cesson jouait son maintien dans une salle bouillante. Dans ces conditions, notre équipe était fragilisée." La star de Montpellier et de l'équipe de France regrette également le traitement médiatique dont son frère et lui sont les victimes : "Pour ce qui est des accusations très graves de tricherie, elles me font très mal. M'accuser de tricherie et de truquer le match, nous livrer en pâture à la presse est intolérable ! Nous accuser moi et mon petit frère d'avoir triché alors que nous n'avons même pas joué et nous arrêter comme des voyous... Je n'ai pas de mots..."
Des mots, ses avocats pourraient en trouver rapidement. En effet, ces derniers vont faire appel pour tenter d'alléger les conditions de son contrôle judiciaire et lui permettre de rejouer. En attendant, Nikola et Luka Karabatic, relâchés contre des cautions respectives de 4 500 et 25 000 euros, n'ont plus le droit de tâter du ballon...