Depuis son arrivée dans le cinéma français il y a près d'une quinzaine d'années, Noémie Merlant détonne : la jeune femme de 35 ans n'hésite pas à accepter des rôles forts, dans le drame comme dans la comédie. Et cela paye ! Multi-récompensée et reconnue désormais de tous, elle est même devenue réalisatrice et présentera cette année son deuxième film au Festival de Cannes.
Un succès qui ne l'empêche pas d'aborder des sujets forts : interrogée ce jeudi dans Paris Match, l'actrice (dont le film Une année difficile sera diffusé ce vendredi 26 avril sur Canal +) ne se prive pas d'évoquer notamment la sexualité féminine dans ses oeuvres et en interview. Il faut dire qu'elle s'est longuement interrogée sur ses propres expériences.
"Mon désir était lié au désir de l'autre. Que ça soit avec mon copain, la société, au travail... Il fallait toujours que je sois parfaite, désirable. J'ai requestionné tout cela, en me demandant de ce que je voulais vraiment, moi", a-t-elle en effet révélé, elle qui a été mannequin et qui a souvent dénoncé l'objectification du corps féminin dans le milieu.
"Ce n'est pas une question facile à se poser. J'ai tout remis à plat, j'ai presque fait un burn-out sexuel. Pour redéfinir tout ça, il faut avoir en face de soi des personnes saines et ouvertes. Moi, j'ai la chance d'avoir mon copain, mes amies. Mon désir aujourd'hui, c'est justement de créer, et beaucoup de ma libido passe là-dedans", a-t-elle ensuite expliqué.
En couple, la jeune femme ne se prive pas de dire la vérité, quitte à ce que ses fans ou ceux qui la lisent ne la voient plus de la même façon : "Ce n'est pas glamour de raconter que je n'avais plus de désir, etc... Mais je veux être une artiste, pas un fantasme", assume-t-elle avec force. D'ailleurs, elle l'avoue : "Ma forme de militantisme est de parler de sexualité féminine. Dans la société, on juge beaucoup la sexualité des autres. Donc il faut en parler pour bousculer ce que l'on considère être la norme".
Une prise de parole forte pour la jeune femme, en couple avec un homme dont elle n'a jamais dévoilé l'identité, et pour qui la "sororité" est particulièrement importante. Décrivant son groupe d'amies comme son "socle" et son "oxygène", elle a d'ailleurs vécu une période plutôt particulière avec elles... mais très libératrice. "A une époque de ma vie, je me suis enfuie de ce que j'avais commencé à construire, avec un sentiment de pression. J'ai quitté la personne avec laquelle j'étais, et je suis allée me réfugier chez Sanda Codreanu, une amie, qui joue d'ailleurs dans le film. Chez elle, on vivait avec plusieurs copines et on formait une sorte de cocon, un gynécée dans lequel je me sentais extrêmement bien. On était juste après la période #MeToo, donc on avait des échanges hyper forts là-dessus. En face de notre appartement, il y avait un mec qui nous regardait et on se demandait ce qu'il pouvait penser de nous, car on était très libres, on se promenait nues par exemple...".
Une expérience qui lui a inspiré son nouveau film, Les femmes au balcon, qu'elle a hâte de présenter à Cannes. Et qui pourrait bien secouer un peu le monde du cinéma !