Les téléspectateurs de France 2 ont-il assisté, samedi 11 juin, à l'interview la plus courte et décalée jamais diffusée dans On n'est pas couché ? Laurent Ruquier recevait le chanteur, auteur et compositeur Nicolas Ker pour son album Les Faubourgs de l'exil, sur les excellents conseils d'Arielle Dombasle. La diva avait prévenu l'animateur : Nicolas est "un cas" et un "grand artiste".
En fin d'émission, c'est donc à Nicolas Ker de rejoindre enfin le fauteuil de l'invité. Fauteuil qu'il a bien failli rater, chutant lourdement sur le plateau avant d'arriver à destination. Le chanteur se dit troublé par l'humoriste Nawell Madani qui, elle, dit le trouver "attachant". Laurent Ruquier demande d'emblée à Ker s'il ne boit pas un petit peu, la première réponse de l'intéressé donne le ton : "Et alors ? C'est parce je ne me supporte pas, dit-il avant de marquer un long silence. C'est parce je ne crois pas en notre société, même si j'aime beaucoup les gens et la France."
Interrogé quelques minutes plus tard par Léa Salamé, qui quitte par ailleurs l'émission à la fin de la saison, Nicolas Ker lui parle de sa vision du monde : "Il y a deux types de gens : ceux qui marchent à côté de leurs pompes, dont je fais partie, et il y a ceux qui sont absolument centrés sur eux-mêmes." L'artiste, qui a coécrit le dernier album d'Arielle Dombasle, French Kiss, dit chanter pour les premiers.
Vous ne venez pas souvent à la télévision, je pense qu'on s'en souviendra
Beaucoup ont découvert Nicolas Ker lors de cette interview chaotique dans ONPC. Ce n'est pourtant pas un débutant. Avec son groupe Poni Hoax, il a sorti trois albums. Les Faubourgs est son premier en solo. Il a également signé la bande originale du dernier film de Bernard-Henri Lévy. Quand Laurent Ruquier lui demande pourquoi le grand public ne le découvre que maintenant, Nicolas répond que "les gens n'ont pas que ça à foutre". L'animateur met alors fin poliment à l'entretien : "Vous ne venez pas souvent à la télévision, je pense qu'on s'en souviendra. Merci d'avoir surmonté votre timidité."
En tout et pour tout, Nicolas Ker aura prononcé trois phrases en sept minutes. Sur les réseaux sociaux, beaucoup lui sont tombés dessus. D'autres le comparent à Gainsbarre. D'autres encore se souviennent de l'interview culte d'un Bukowksi passablement éméché chez Bernard Pivot dans Apostrophes en 1978. Puis il y a ceux qui ont la chance de déjà connaître Nicolas Ker, ceux qui ont dansé grâce à Poni Hoax, vibré sur le hanté Budapest, adoré sa voix sur l'exceptionnel Antibodies... Il y a ceux, enfin, à qui ce passage lunaire dans une machine aussi bien huilée qu'On n'est pas couché a donné envie de découvrir et d'écouter Nicolas Ker.