Il est haut en couleur, Paul Daniels... Réac', raciste, individualiste, il prétend avoir eu des centaines de partenaires sexuelles et n'hésite pas à égratigner ses confrères, mais c'est aussi un monument du divertissement outre-Manche, charismatique et drôle, lui qui fut le premier non-Américain à décrocher - en 1983 - le prix de Magicien de l'année décerné par la Hollywood Academy of Magical Arts et bluffa les Britanniques pendant 15 ans (1979-1994) avec son émission The Paul Daniels Magic Show sur la BBC, en compagnie de sa glamour assistante puis épouse Debbie McGee. A 77 ans, le magicien vedette, père de trois garçons (Gary, Paul et Martin) de son premier mariage (dans les années 1960 avec Jacqueline Skipworth), s'apprête à jouer un sale tour à ses proches et à ses fans : atteint d'une tumeur cérébrale incurable, il ne lui reste plus longtemps à vivre...
Sur son site officiel, l'entourage de celui que l'état civil connaît comme Newton Edward Daniels a fait paraître un communiqué révélant l'implacable nouvelle : "Nous sommes en mesure de confirmer qu'on a malheureusement diagnostiqué chez l'un de nos plus formidables magiciens et entertainers de tous les temps, Paul Daniels, une tumeur cérébrale incurable. Au nom de Paul, de Debbie et de leur famille, nous vous remercions de votre sollicitude et de votre soutien en ces moments tristes, et demandons que leur intimité continue d'être respectée." Debbie McGee, danseuse formée au Royal Ballet qui était devenue en 1988 la seconde épouse de l'illusionniste star dont elle était également la partenaire de scène depuis des années, a relayé "avec une immense tristesse" ce communiqué via son compte Twitter - sous-titré "femme d'un sex symbol - c'est lui qui le dit". "L'amour de sa vie" depuis qu'il l'a connue en 1979, disait-il aussi sur son propre compte Instagram.
Quand votre heure est venue...
Paul Daniels, qui avait brièvement participé au télé-crochet Strictly Come Dancing en 2010, éliminé en deuxième semaine, et multiplié les apparitions dans des émissions variées ces dernières années (ainsi que dans une pub Heineken délirante d'autodérision avec Debbie), avait confié en 2013 au quotidien de The Guardian qu'il n'avait pas peur de la mort : "C'est juste comme aller dormir, ça ne me dérange pas, disait-il alors, parce que quand votre heure est venue, votre heure est venue. Certains n'arrivent pas à se faire à cette idée."
A l'en croire, la vocation de Paul Daniels lui était venue par un heureux hasard, un jour où, alors âgé de 11 ans, il s'était trouvé cloîtré à cause du mauvais temps lors de vacances scolaires et avait découvert un livre enseignant quelques tours de magie basiques pour apprendre à distraire ses convives : "J'étais très timide, mais j'ai compris que je pouvais faire quelques tours à l'école. Le fait que les gens ne sachent pas comment je m'y prenais m'a encouragé à continuer." Après son service militaire, il fait ses armes dans des cabarets et obtient très rapidement une opportunité à la télévision : repéré dans un télé-crochet (Opportunity Knocks) dont il finit dauphin, il se voit offrir une case dans une émission du dimanche soir sur ITV. A partir de 1979, il a son propre show sur BBC One, captivant jusqu'à 15 millions de téléspectateurs et vendant l'émission dans 43 pays. Lauréat de nombreux prix au fil de sa carrière, il exerce ses talents dans le monde entier, mais aussi au profit de la famille royale, de personnalités politiques et de célébrités.
L'illustre magicien, qui avait de nombreuses dates de tournée prévues en 2016 avec son spectacle Intimate Magic Show, est bien connu pour sa réplique signature "Vous allez aimer ça... Pas beaucoup, mais vous allez aimer", inspirée de son propre aveu par un épisode avec un fauteur de troubles un soir où il se produisait dans un club. Le prochain tour, on ne va pas aimer, c'est sûr...