Les plus jeunes ont sans doute fait sa connaissance dans l'émission d'Amazon Prime Video, Lol qui rit sort, parfois décriée, où il officie en tant que maître de cérémonie. Les plus âgés l'avaient peut-être aperçu à ses débuts dans La bande à Fifi, son surnom, autour de qui gravitait aussi Tarek Boudali, Reem Kherici, son ancienne chérie et Élodie Fontan, sa compagne actuelle avec qui il peut avoir quelques accrochages... Mais il est probable qu'une grande partie des Français ont découvert l'étendue du talent de Philippe Lacheau en regardant Babysitting. Sorti en 2014, le film avait attiré 2,3 millions de spectateurs dans les salles. Ce n'est pas si exceptionnel quand une oeuvre comme Un p'tit truc en plus a déjà rassemblé plus de 7 millions de spectateurs, pour le plus grand bonheur des finances d'Artus, son concepteur. Ce qui l'était, à l'époque, en revanche, c'est la rentabilité de ce film qui aurait très bien pu ne jamais voir le jour...
En mai dernier, invité sur la chaîne YouTube de McFly et Carlito, Philippe Lacheau avait fait d'étonnantes révélations quant à sa genèse. À l'époque, le comédien rêve de passer au grand écran mais il n'a pas d'argent. Son but est donc de "trouver un film pas cher". "En fait, précise-t-il, l'idée de Babysitting n'est pas une idée artistique, c'est une idée économique où je me dis : 'Peut-être que si on trouve une idée pas chère, c'est peut-être le seul espoir pour nous de jouer les premiers rôles.'"
Avec les comédiens de sa bande, sans contrat ni budget, il s'attèle à l'écriture d'un scénario. Une fois celui-ci bouclé, Lacheau raconte avoir procédé à un vrai travail de fourmi : "Je vais sur internet, je prends toutes les boîtes de production et tous les distributeurs français, tous. Et je regarde le nom des gars qui travaillent là-bas [...] J'envoie 20 ou 30 mails par gars dans toutes les sociétés de production."
Son travail finit par payer : un petit producteur décide de financer le film et de prendre le risque de le sortir. Bien vu ! Avec son budget d'à peine 3,4 millions d'euros, il réalise plus de 20 millions d'euros de recette et devient, avec une rentabilité de 600%, le film le plus rentable de l'année 2014, devant Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, dans lequel Elodie Fontan joue aussi. En tant que réalisateur, scénariste et acteur, Philippe Lacheau fait partie des plus gros bénéficiaires des retombées commerciales mais du fait de son montage compliqué, ce n'est pas encore le jackpot. Ce sera pour plus tard.
La suite, c'est logiquement le deuxième volet des aventures de ce baby-sitter pas comme les autres. Babysitting 2 séduit encore plus de spectateurs que le premier. Mais il a coûté presque trois fois plus cher. Les comédiens se sont notamment fait plaisir en allant s'offrir un tournage particulièrement chaud au Brésil. Rentabilité : 240%. Ça reste un beau succès.
Fort de ces deux expériences réussies, Philippe Lacheau décide de creuser le sillon de la comédie un peu potache dans laquelle il excelle en sortant en 2017 le film Alibi.com pour lequel il porte encore les trois casquettes, celle de réalisateur, d'acteur et de scénariste. Il n'a plus à bombarder de mails les producteurs. Fechner films, que l'on retrouve derrière d'immenses succès du cinéma français depuis des décennies, va réunir les fonds nécessaires... et récolter les bénéfices de ce nouveau carton au box office : 3,5 millions d'entrée et une nouvelle fois une rentabilité exceptionnelle. Pour un coût de 7,5 millions, il en a rapporté près de 30 !
Philippe Lacheau commence à comprendre que s'il veut récolter plus de fruits de son travail, il doit désormais produire ses films. En mars 2018, avec son frère Pierre, qui est son sosie, le compagnon d'Elodie Fontan dépose la marque BAF Prod, une société de production de films pour le cinéma.
Avant cela, le cinéaste sort cette même année un dernier film qu'il ne finance pas : Nicky Larson et le parfum de cupidon. Il en tire néanmoins de belles recettes puisque d'après le site cinéfinances, la réalisation lui aurait rapporté 600 000 euros, et il aurait vendu le scénario, co-écrit avec son frère Pierre, 650 000 euros. À ces sommes rondelettes, il convient toutefois de déduire l'achat des droits de la BD qui a inspiré le film : 300 000 euros. Le bilan des opérations reste très positif...
En 2022, le comédien sort donc son cinquième long métrage en tant que réalisateur : Super héros, malgré-lui, co-produit par sa propre société, BAF Prod. Le site cinéfinances.info révèle que pour les 50 jours de tournage et la post-production la rémunération de Lacheau en tant que réalisateur a été de 250 000 euros, répartie entre à valoir sur droits d'auteur et salaire de technicien. C'est a priori la seule création de Philippe Lacheau qui a peiné à trouver son public. Le film a coûté 15,4 millions d'euros et n'en a rapporté que 14 millions. Mais Alibi.com 2 va bouleverser la donne.
En février 2023, le site de Capital explique que pour ce deuxième opus, l'artiste va toucher "un gros chèque". Selon nos confrères, qui sont allés chercher leur chiffre sur le site spécialisé cinefinances, Philippe Lacheau aurait en effet perçu l'énorme somme de 800 000 euros pour le réaliser ! Un montant auquel il faut ajouter ses émoluments en tant que comédien, sachant que ces derniers, parmi lesquels Elodie Fontan, Nathalie Baye et Didier Bourdon, se sont partagé une enveloppe de 423 000 euros...
Autant de revenus qui font de Philippe Lacheau aujourd'hui un poids lourd du cinéma français. Preuve, s'il en fallait une, que l'artiste est aussi devenu un entrepreneur, il a déposé ces dernières années au registre de commerce de nouvelles marques ou société qu'il détient en partie : BAF Prod 2 est venu s'ajouter à sa première boîte de prod et à côté d'elle, il a lancé plusieurs activités dans des domaines variés regroupées sous les noms suivant : Fi Immo, Fi Finances, Fi invest et Fi films. Pas de doute, la bande à Fifi n'en finit pas de faire des petits : c'est sans doute la recette du Lacheau business, une entreprise familiale, puisque sa compagne Elodie et son frère Pierre y sont largement associés.