Une rentrée presque comme les autres a succédé à un été plus noir que tous les autres, pour la famille royale néerlandaise. Endeuillés par la mort du prince Friso d'Orange-Nassau, qui a éteint les infimes espoirs des siens en succombant le 12 août 2013 à 44 ans à La Haye après avoir passé un an et demi dans le coma, la princesse Beatrix des Pays-Bas, sa mère, le roi Willem-Alexander, son frère aîné, ou encore la reine Maxima, sa belle-soeur, ont depuis plusieurs jours repris la routine de leurs obligations officielles.
Mais alors que la rentrée bat son plein, la famille royale n'oublie pas. Sur le site officiel de la cour a été publié ce jeudi 5 septembre 2013 un très touchant mot de remerciements qui porte les signatures manuscrites de ses proches. Parmi celles-ci, plus ou moins stylisées et qui comptent - outre celles de Beatrix, Willem-Alexander et Maxima - les griffes du prince Constantijn et de la princesse Laurentien, trois se distinguent par la bouleversante nudité de leur graphie : Mabel, Luana et Zaria. Comme si elles illustraient par leur dépouillement le manque que doivent ressentir la princesse Mabel, qui a perdu au lendemain de son 45e anniversaire celui qui était son époux depuis 2004, et les comtesses Luana et Zaria, leurs fillettes de 8 et 7 ans, merveilleuses petites colombes lors des obsèques de leur papa, célébrées dans l'intimité familiale à Laage Vursche le 16 août.
À mi-chemin entre le message de remerciements et l'épitaphe, on peut lire :
"FRISO
1968 - 2013
Nous vous remercions du fond du coeur pour vos mots réconfortants et
vos témoignages de soutien et de sympathie.
Le dévouement de Friso, sa loyauté et son amour
comptaient énormément pour nous.
Sa vivacité d'esprit, sa manière de voir les choses, son humour
et sa présence pleine d'assurance mais dépourvue de prétention
resteront à jamais dans notre coeur."
Esprit brillant et homme avenant, le prince Friso manquait déjà depuis longtemps à son entourage, personnel mais aussi professionnel (le groupe expert du nucléaire Urenco, pour lequel il oeuvrait, avait accepté avec effusion sa démission par contumace, un crève-coeur). Le fils cadet de la princesse Beatrix (encore reine au moment des faits) était tombé dans le coma après avoir été pris dans une avalanche en février 2012 alors qu'il skiait hors piste à Lech am Arlberg, station du Tyrol autrichien où la famille royale des Pays-Bas a l'habitude de passer ses vacances d'hiver. Rapatrié à Londres, où il vivait avec sa femme et leurs filles et d'où il travaillait pour Urenco, et traité à l'hôpital Welllington, Friso avait connu un bref réveil à l'automne 2012, mince et vaine lueur d'espoir. Transféré au palais Huis ten Bosch de La Haye, résidence du couple royal, début juillet, il est décédé tôt le 12 août alors que sa famille devait envisager les suites de sa prise en charge médicale. Il a été enterré le 16 août au cimetière du hameau de Lage Vuursche, qui jouxte le château Drakensteyn où Friso et ses frères grandirent jusqu'à ce que leur mère Beatrix s'installe à La Haye au début de son règne, en 1980. La princesse Beatrix a d'ailleurs annoncé en janvier dernier, en corollaire de son abdication, qu'elle avait l'intention de réemménager cette année à Drakensteyn.
Annoncé en même temps que les obsèques du prince Friso, l'hommage que le royaume prévoit de lui rendre n'a pas encore de date. Mais les marques de sympathie ont déjà afflué, qu'il s'agisse du registre de condoléances mis à disposition du public ou des visites d'anonymes et des dépôts de gerbes au petit cimetière de Lage Vuursche.