Dans La Comtesse, sa dernière réalisation au cinéma le 21 avril, Julie Delpy incarne une femme obsédée par la jeunesse et qui boit le sang des vierges pour lutter contre les effets du temps sur sa peau. Ce film est l'occasion de retrouver cette actrice, scénariste et cinéaste française à Paris, elle qui partage son temps entre la France et les Etats-Unis. Pour le magazine Elle, Julie Delpy se dévoile. Extraits.
Comme dans 2 days in Paris, Julie porte la casquette de réalisatrice et d'actrice, mais voyait-elle une autre à sa place devant la caméra : "Oui, mais le budget n'était pas énorme. Même si beaucoup de gens qui avaient lu mon scénario l'aimaient bien, je me suis rendue compte que les actrices de renom ne veulent pas forcément jouer un personnage peu sympathique."
Manifestement, Julie Delpy n'a rien perdu de son franc-parler et sa capacité à ne pas se laisser faire : "Mes parents ne sont pas du tout comme ça. Ils ne m'ont pas élevée dans l'idée de la réussite. Lorsque j'étais petite, j'étais la petite grosse, je me sentais rejetée par les autres enfants. Quand je jouais. Je détestais perdre. Je n'ai pas changé !"
Lorsqu'elle par de son compagnon et père de son fils Leo, le compositeur de musique de film Marc Streitenfeld, Julie conserve sa franchise : "Ce n'est pas évident [de cohabiter avec un artiste]. Je reproduis exactement ce que mes parents, acteurs, ont vécu. Marc est très demandé, il a fait la musique des quatre derniers films de Ridley Scott, dont Robin des Bois qui fait l'ouverture du Festival de Cannes. [...] On ne mélange pas. Il a son monde, j'ai le mien. On ne se fait pas de faveurs."
Quand l'actrice-réalisatrice se retrouve dans une situation difficile, elle peut compter sur lui, mais ne joue pas les filles fleur-bleue pour autant : "J'étais enceinte de huit mois, je ne pouvais plus marcher, ma mère était malade et je ne m'entendais plus avec le compositeur prévu pour le film. Le temps pressait, Marc est venu à ma rescousse. Mais je ne le referai pas tous les jours. Les mecs vous disent toujours que vous faites les choses de travers, ça m'horripile !"
En plus de la promotion de son long métrage très sombre avec William Hurt (A History of Violence) et Daniel Brühl (Goodbye Lenin), Julie prépare également son nouveau film, Skylab, qu'elle tournera en Bretagne. Cette volonté de réalisation remplit son agenda et l'a entraîné à décliner des rôles comme celui dans l'audacieux Antichrist de Lars Von Trier. Elle explique d'ailleurs son refus d'une manière déroutante : "Charlotte Gainsbourg était la meilleure [Elle a d'ailleurs remporté le prix d'interprétation à Cannes]. Certaines actrices peuvent faire un truc provoc, ça les propulse vers le haut. D'autres, si elles n'ont pas déjà atteint un certain statut, ça peut les détruire. Charlotte est un peu une reine en France. Elle est la fille d'un roi, elle ne pouvait que monter. Moi, je n'aurais rien gagné. Dans notre métier, il faut savoir oser dire non." Un commentaire que l'on peut trouver teinté d'orgueil ou de sincérité et de clairvoyance, à chacun de choisir.
Entretien à retrouver dans son intégralité dans Elle du 16 avril 2010.