La cérémonie des Governors Awards, à Los Angeles le 14 novembre, a rendu hommage aux victimes des attaques de la veille à Paris, ainsi qu'à tous les Français. La présidente de l'Académie des arts et sciences du cinéma et donc des Oscars, Cheryl Boone Isaacs, a ainsi débuté son discours : "Il est important de mentionner les horribles attaques à Paris d'hier. Nous tous ici soutenons la France et le peuple français. Nous envoyons nos pensées les plus sincères à nos frères et soeurs en France."
Le James Bond Daniel Craig et son épouse Rachel Weisz ont brillé amoureusement comme ils savent si bien le faire lors de cet événement, non loin de Cate Blanchett et Rooney Mara, partenaires de Carol, de la Suffragette Carey Mulligan mais aussi d'Idris Elba, Zooey Deschanel, Amy Schumer, Steve Carell, Bryan Cranston, Brie Larson, Laura Linney, Helen Mirren, Gugu Mbatha Raw, Saoirse Ronan et Jane Fonda qui ont foulé le tapis rouge.
Au cours de cette cérémonie, le réalisateur Spike Lee et l'actrice Gena Rowlands ont reçu comme prévu un Oscar d'honneur pour l'ensemble de leur carrière, tandis que la comédienne Debbie Reynolds a été honorée d'un prix saluant son travail humanitaire. Cette dernière n'a pas pu venir à la soirée et en était profondément chagrinée, en raison de problèmes de santé, et c'est sa fille et sa petite-fille, Carrie Fisher (Star Wars) et Billie Lourd (Scream Queens), qui étaient sur scène à sa place.
Le réalisateur de Do the Right Thing a évidemment témoigné toute sa solidarité à la France et souhaité "paix et amour à son peuple". Il a d'ailleurs publié sur son compte Instagram une image aux couleurs du drapeau français.
Le cinéaste américain se sent d'autant plus touché que sa fille était à Paris en échange universitaire et a pris l'avion depuis Roissy-Charles-de-Gaulle le vendredi matin. Son épouse, la productrice Tonya Lewis, l'a confié au micro des journalistes sur le tapis rouge des Governors Awards, offrant tout son soutien aux Français comme d'autres personnalités : Mark Ruffalo et sa femme Sunrise, qui a de la famille en France, mais aussi Wesley Snipes qui a clamé "je t'aime Paris".
Les Governors Awards ont été marqués par le discours de dix-huit minutes de Spike Lee. "À partir de 2043, les Américains blancs deviendront une minorité aux Etats-Unis. Et vous tous qui avez des postes à responsabilités, vous devriez être malins. Parce que votre force de travail doit refléter ce à quoi le pays ressemble. (...) Tout le monde ici a sûrement dû voter pour Obama. Mais quand j'entre dans des bureaux, je ne vois jamais de noirs, a part le vigile à l'entrée du studio. (...) Il est plus facile d'être président des Etats-Unis quand on est noir qu'être à la tête d'un studio."
Spike Lee, 58 ans, est l'une des figures du cinéma indépendant américain, avec des films comme Nola Darling n'en fait qu'à sa tête (1986), Malcolm X (1992) ou encore Inside Man (2006). Il a été nommé deux fois aux Oscars, pour le documentaire 4 Little Girls (1997) et auparavant pour Do The Right Thing (1989), devenu une oeuvre culte.
Ce metteur en scène engagé et franc n'avait déjà pas manqué de critiquer les Oscars l'an dernier en interview au Daily Beast : "Le fait que Selma [biopic sur Martin Luther King, NDLR] soit absent des Oscars ne diminue en rien la qualité du film. Personne ne parle de Miss Daisy et son chauffeur. Ce film n'est pas étudié dans les écoles de cinéma comme l'est Do the Right Thing. Personne ne discute de Miss Daisy. Donc si je croise Ava DuVernay [la réalisatrice de Selma, NDLR], je lui dirais : 'Vous avez fait un très bon film, soyez-en ravie et commencez à travailler sur votre prochain film." Concernant les nominations "blanches" des acteurs, il est revenu sur le sacre en 2013 d'un film portant sur l'esclavage et réalisé par un cinéaste noir, 12 Years a Slave : "Il y avait plein de noirs l'an dernier aux Oscars, Steve [McQueen], Lupita [Nyong'o], Pharrell... C'est un cycle de dix années. Une fois tous les dix ans, j'ai un coup de fil de journalistes sur le sujet. Avant l'an dernier, c'était en 2002 à propos d'Halle Berry, Denzel [Washington] et Sidney Poitier. Donc, je ne fais pas de galipettes quand ça arrive."