27 ans. À l'âge auquel les rockstars trépassent, Roberto Saviano a lui aussi droit à sa mort : celle de sa vie "normale". La raison ? Un premier livre, Gomorra - devenu un film par la suite - qui atterrit comme une bombe au milieu de la mafia napolitaine, ciblée par sa plume. Consacré ennemi public de la Camorra, l'écrivain vole depuis aux quatre coins de l'Italie pour fuir les représailles. Une vie sous escorte qui ne l'empêche pas, sept ans plus tard, de récidiver avec Extra pure, une plongée dans le trafic de cocaïne, des cartels sud-américains aux banques anglo-saxonnes... Mais que cherche-t-il ?
L'homme ne semble en effet plus avoir peur de rien. Après la Camorra, il s'attaque donc à nouveau au crime organisé avec Extra Pure, sorti hier, jeudi 16 octobre. Sa nouvelle cible n'est pas en Italie mais porte un nom : la cocaïne. L'écrivain mais aussi présentateur télé - sur Rai 3, la 7 ou ZeroZeroZero.tv - a ainsi fait un "voyage dans l'économie de la cocaïne" qui l'a mené sur des terrains bien différents. Le but ? "Observer les faiblesses humaines, la physiologie du pouvoir, la fragilité des relations, l'inconsistance des liens, la force colossale de l'argent et de la férocité." Tous les intermédiaires de ce marché - qui pèse 300 milliards d'euros - y sont ainsi passés en revue, des producteurs, cartels mexicains et colombiens, distributeurs, mafieux, jusqu'au recycleurs parmi lesquels on retrouve même des grandes banques d'affaires anglo-saxonnes, comme le rappelle Le Figaro. De quoi s'attirer à nouveau quelques problèmes...
Mais la notoriété et le passé de l'auteur ne l'ont malheureusement pas empêché de subir les mauvaises critiques. En Italie, le quotidien La Stampa a ainsi regretté qu'une "puissante machine publicitaire décrive ce livre comme une enquête sur le trafic global de la cocaïne" sans le contenu, "trop Wikipedia". Et les ventes ont été décevantes : 250 000 exemplaires, moitié moins que prévu. Jalousies ou critiques justifiées ?
Au sein de l'antimafia, le nom de Roberto Saviano continue d'en crisper certains, et l'écrivain doit se défaire de son image d'expert à la limite du donneur de leçons en tout genre. "Dès qu'on s'occupe de l'antimafia, on devient controversé", explique le député Davide Mattiello, cité par Le Figaro. Pas suffisant toutefois pour faire Extra Peur à l'écrivain de 35 ans aujourd'hui...