Au sommet du tennis mondial, on se rend coup pour coup. Moins de dix jours après l'annonce surprise de l'irruption de Boris Becker dans l'équipe de Novak Djokovic (duo qu'on pouvait voir à l'oeuvre hier à Abou Dhabi), en tant qu'entraîneur principal du Serbe actuellement numéro deux mondial (et ex-numéro un), c'est au tour de Stefan Edberg de reprendre du service, pour le compte de Roger Federer, avec qui on l'avait vu s'entraîner en amont du récent tournoi de Dubaï.
Quelques heures seulement après avoir révélé qu'il allait être bientôt père pour la troisième fois avec son épouse Mirka, le champion suisse annonçait vendredi le renfort prochain de la légende du tennis suédois - 42 titres à son actif, dont 6 en Grand Chelem. A 32 ans, et à l'issue d'une saison vierge de succès majeur (un seul titre, sur le gazon de Halle) qui a semblé sonner le déclin inéluctable du recordman de la longévité à la tête de l'ATP (302 semaines, dont 237 consécutives), Roger Federer, relégué au 6e rang mondial, a choisi de faire appel à un champion qu'il considère comme le "héros de sa jeunesse" : "Stefan a donné son accord pour travailler avec nous pour au moins 10 semaines à partir de l'Open d'Australie [qu'Edberg a remporté deux fois, et Federer quatre fois, NDLR]. Stefan était le héros de ma jeunesse et je suis impatient de passer du temps avec lui et d'apprendre à ses côtés", a indiqué le Bâlois, en quête d'un second souffle après avoir mis un terme en octobre à sa collaboration avec Paul Annacone.
Une association qui fait rêver, tant parce qu'elle relance encore l'intérêt de la course à la suprématie mondiale chez les tennismen que parce qu'elle associe deux joueurs qui auront marqué l'histoire de leur sport par leur exceptionnelle élégance sur le court. Si Novak Djokovic a fait appel à un joueur au style aussi volcanique et explosif que lui, Roger Federer s'est offert pour sa part les services d'un ancien as à la grâce limpide dont l'attitude stoïque et le jeu d'attaque, sa marque de fabrique, lui correspondent presque trait pour trait. Il ne s'est d'ailleurs pas caché de le désigner officiellement comme son "héros", et le journal L'Equipe rappelle dans son édition de samedi comment le Suisse, lors du tournoi de Stockholm en 2010, avait "quémandé une petite séance d'entraînement" au Suédois, qu'il disait même "idolâtrer, plus encore que Pete Sampras". Trois ans plus tard, il a visiblement réussi à convaincre le grand attaquant nordique, extrêmement discret depuis sa retraite en 1996, à quitter son ermitage pour rejoindre sa garde rapprochée, dirigée depuis sept ans par Séverin Lüthi : "Je veux continuer, a déclaré ce dernier, à améliorer et à faire évoluer le jeu de Roger. Je suis sûr qu'Edberg nous apportera beaucoup pour que Roger puisse continuer à briguer des titres en 2014."
Grand rival - tant dans la compétition que dans le style - de Boum-Boum dans les années 1980-1990, Stefan Edberg, qui vit une retraite plus que paisible, a commenté avec une sobriété sans surprise : "J'espère qu'ensemble nous pourrons faire sortir le meilleur tennis de Roger." C'est à souhaiter, pour le spectacle. Et avec tous ces anciens numéro un de retour aux avant-postes (outre Edberg et Becker, Ivan Lendl, qui s'occupe depuis janvier 2012 d'Andy Murray, avec la réussite qu'on sait), il pourrait y en avoir autour des courts. A quand Björn Borg dans la team Nadal ?