A force de s'imposer chaque année à Roland-Garros, Rafael Nadal va grandement faciliter le travail des journalistes. Un copié-collé du papier précédent bourré de superlatifs et le tour sera joué. Car oui, chaque année, c'est la même histoire. Rafael Nadal s'impose sur la terre battue de la porte d'Auteuil. Et chaque année, on se demande si quelqu'un pourra se mettre en travers de la route du Majorquin. Ce ne sera pas le pauvre David Ferrer, battu en trois petits sets (6-3, 6-2, 6-3) et 2h17 ce dimanche 9 juin...
Avec une huitième victoire à Roland-Garros, Rafael Nadal entre un peu plus dans la légende des Internationaux de France, et du tennis en général, puisqu'il devient le seul et unique joueur de l'ère Open à avoir glané huit fois le même Grand Chelem. Une victoire toute particulière pour le Majorquin après de longs mois de galères qui l'avaient privé de Jeux olympiques à Londres où il devait être le porte-drapeau de la sélection espagnole : "Quand on traverse une période comme celle que j'ai connue, on finit par se dire qu'on ne regagnera peut-être jamais."
Des doutes, Rafael Nadal ? "Je suis un gars optimiste mais j'ai souvent des doutes, car rien n'est si clair dans ce monde. Donc oui, j'avais des doutes", expliquait-il à l'issue de ce match où il n'aura jamais tremblé sous les yeux de sa belle Xisca, venue assister à un nouveau sacre de son homme. "Je suis quelqu'un d'optimiste, mais les doutes font partie de la vie, poursuit le champion qui compte désormais 12 Grand Chelem à son palmarès. Ceux qui ne doutent pas, c'est qu'ils sont trop arrogants. J'ai douté, mais tout ce que je pouvais faire, c'était travailler dur avec une bonne attitude et c'est ce que j'ai fait. Ce trophée est spécial dans ce contexte mais ce ne serait pas juste de dire que c'est le plus spécial, parce que ça l'était aussi l'an dernier, ou à Wimbledon en 2008 ou en Australie en 2009 ou quand j'ai réalisé mon Grand Chelem en carrière à l'US Open 2010."
Car pour Rafael Nadal, très ému au moment de recevoir la Coupe des Mousquetaires, ses nombreuses victoires ne sont dues qu'à sa seule motivation et à sa façon de voir le tennis : "Je ne l'appréhende que d'une manière : sans objectif, le sport est stupide. Mon credo est simple : essaie de progresser à chaque instant, joue avec toute ta passion, apprécie la compétition, apprécie les moments durs où tu dois trouver des solutions aux problèmes."
Et hier, Rafa n'a rencontré que peu de problèmes, pour le plus grand bonheur de son ami Pau Gasol, venu spécialement de Los Angeles où il évolue sous le maillot des Lakers. Les nombreuses célébrités qui espéraient un combat de titan en ont eu pour leur frais. Une vague illusion en début de match avant que David Ferrer ne cède face aux coups de boutoirs du spécialiste de la terre battue. Trois petits sets, les seuls que ce dernier aura perdus tout au long de cette quinzaine. Seule consolation pour David Ferrer, il passe devant Rafael Nadal au classement ATP, devenant ainsi le quatrième joueur mondial...
Quant à Rafael Nadal, à peine déstabilisé par l'intrusion d'un protestataire sur le court ou de quelques manifestants opposés au mariage homosexuel dans les gradins, il a savouré son titre en prenant sa pose habituelle, mordant la fameuse coupe que lui a remise un autre extraterrestre du sport, le roi Usain Bolt. Simplement heureux, le champion espagnol a partagé son émotion avec le public, sans oublier de se faire photographier au milieu des jeunes ramasseurs de balles, pour un souvenir qu'ils ne seront pas près d'oublier.
Rendez-vous l'année prochaine pour un nouveau triomphe ?