Le 9 décembre 2004, le corps de Géraldine, la fille de Roland Giraud et Maaike Jansen, est retrouvé sans vie au côté de celui de son amie Katia Lherbier, dans un puits. Le soir-même, l'acteur monte sur scène. Près de neuf ans après cette tragédie - aggravé par le suicide en prison de Jean-Pierre Treiber, l'assassin présumé - Roland Giraud accepte d'évoquer longuement cette blessure à jamais ouverte dans un livre, intitulé En toute liberté, que publie Le Passeur, une petite maison d'édition. Dans Le Parisien, le comédien révèle qu'il ne souhaite pas faire son deuil.
"Je déteste cette expression : faire son deuil. Pour moi, ça veut dire oublier, passer l'éponge. Mais non, on ne peut pas faire le deuil d'un événement aussi dramatique. On vit avec. Ma fille, j'y pense à chaque minute de ma vie. Elle est invisible, mais pas absente. Elle est avec moi." Le jour même de sa mort, Géraldine est présente dans le coeur de l'acteur et le pousse à monter sur scène malgré les terribles circonstances. C'est ainsi qu'il le raconte : "J'étais aidé. Par ma fille, qui n'aurait pas aimé que je sois effondré et que je gâche la soirée des gens qui avaient payé pour me voir [...] Jean-Paul Belmondo, dont la fille a péri dans un incendie [Patricia, en 1994, NDLR] a joué Tailleur pour dame le soir-même. Il m'a dit : 'Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais jamais pu remonter sur scène.'" Roland Giraud et son épouse Maaike Jansen n'ont plus quitté les planches. En 2010, ils jouaient même ensemble Le Technicien, une comédie présentée au Théâtre du Palais royal. Théâtre qui vient de perdre son codirecteur, Christian Azzopardi ; un décès qui a beaucoup touché Roland Giraud.
Après toutes ces années, Maaike Jansen a pardonné à Jean-Pierre Treiber : "Je sais qu'elle a raison, lâche Roland Giraud. Elle estime que le vrai jugement viendra d'en haut." Lui, se pose de nombreuses questions dont seul l'assassin présumé auraient eu les réponses : "J'ai la conviction intime qu'il est coupable, et qu'il n'est pas le seul [...] J'ai des certitudes, mais j'aurais voulu qu'il les reconnaisse. Et je ne saurais jamais pourquoi il a dit, quand on a remonté les corps du puisard : 'Ça, c'est bien fait pour Roland Giraud.'"
Ce terrifiant double-meurtre occupe évidemment une grande partie de cette autobiographie. Roland Giraud s'y raconte, de son enfance à aujourd'hui où son métier prend de plus en plus d'importance. Nos confrères du Parisien résument ainsi : plus qu'une béquille, c'est un impératif. Roland Giraud écrit dans son livre : "Faire rire : un devoir pour moi."
"En toute liberté" de Roland Giraud, édition Le Passeur, 222 pages, 19 euros.