
Très discrète depuis la fin de sa tournée (aux côtés de Björk, M.I.A., Coldplay, Beatie Boys et autres Kanye West et Jay-Z) en promotion de son premier et unique album à ce jour, Santogold (2008), paru du temps où elle n'avait pas encore été judiciairement contrainte de changer son nom, Santigold est de retour.
En août 2009, achevant son dernier concert au Lollapalooza Festival de Chicago, elle annonçait qu'elle allait s'atteler à son second album : Master of My Make-Believe paraîtra en mai 2012, annoncé par le premier single officiel, Disparate Youth, dont le clip vient d'être publié.
Entretemps, l'inclassable chanteuse américaine de 35 ans s'est aventurée çà et là, contribuant en 2010 à deux titres (Monday Morning, Bobblehead) de l'oubliable album Bionic de Christina Aguilera, s'invitant sur le longtemps attendu et convaincant Hot Sauce Committee Part Two des Beatie Boys et, plus surprenant, partageant Dougou Badia sur l'excellent album Folila d'Amadou & Mariam paru en ce début d'année 2012. Mais elle n'a pas perdu le fil de son Master of My Make-Believe. Après le morceau Big Mouth en janvier 2011, ce second album en approche se dévoilait en avril dernier au travers d'un duo percutant avec Karen O des Yeah Yeah Yeahs, Go!, bombe sonore garnie d'explosions vocales et instrumentales sous toutes les coutures, sur un rythme de marche militaire accélérée.
Disparate Youth, nouvel extrait et premier single officiel, donne un autre son de cloche, enivrant. Ce qui corrobore les déclarations de Santigold, laquelle avait annoncé à Billboard un album "éclectique dans le son" et "truffé d'effets épiques dans le mixage". De cette réalisation élaborée avec le génial Dave Sitek de TV on the Radio, elle a dit : "Je veux que cela parle de créer sa propre réalité. Une des chansons s'appelle The Keepers : nous sommes des gardiens, et pendant notre sommeil, notre maison brûle."
Dans Disparate Youth, dont le pattern musical rappelle un peu le récent National Anthem de Lana del Rey, il est question d'appel à la révolte, de rêve et de "struggle for life" : "We know now we want more/oh ah, oh ah/our lives worth fighting for (on sait désormais qu'on en veut plus/oh ah, oh ah/nos vies méritent qu'on se batte)." Disparate, mais surtout pas desperate.
Une intro électro brutale, une ligne de basse harassante, des percussions harcelantes, des riffs secs et agressifs qui entrecoupent le propos, un clavier omniprésent, des choeurs aériens, et cette voix corrosive et charnelle de Santigold réunis pour un ensemble planant et marquant. Une totale réussite. Le clip, vraisemblablement réalisé à partir d'images tournées en Jamaïque (où a été réalisée une partie de l'album), se présente presque comme un film de vacances qui, au fil des images subliminales qui s'y glissent, tourne au rituel...
Santigold démarre fort 2012, année de son retour. Elle ouvrira dans les prochains mois la route de la tournée I'm with you des Red Hot Chili Peppers aux Etats-Unis.
G.J.