28 heures. C'est le laps de temps libre qui a été aménagé dans l'agenda de la visite officielle de quatre jours que Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni-Sarkozy ont entreprise en Inde depuis samedi. De samedi midi, au sortir du premier engagement officiel du couple présidentiel à Bangalore, à dimanche soir, où les débats reprendront à la faveur d'un dîner avec le Premier ministre Monmahan Singh, quartier libre. De quoi permettre à Nicolas et sa Carlita de s'adonner à un peu de tourisme, et à beaucoup... de romantisme : car cette parenthèse, dont tous les intrus (journalistes, photographes, etc.) ont été exclus d'office et que les médias indiens ont surnommée "le chapitre secret", a notamment été marquée par leur visite privatisée du Taj Mahal à Agra, le fameux "Temple de l'amour", qu'ils pouvaient également admirer depuis leur suite dans le palace Villa Amar où ils ont été accueillis.
Merci, Carlita !
Le chef de l'Etat français peut sans doute d'ores et déjà remercier sa bien-aimée de cette incartade de charme : comme nous l'écrivions samedi, c'est en effet au crédit de Carla Bruni qu'est versée l'organisation "respectueuse" de cette visite diplomatique. L'Inde avait en effet été choquée par la désinvolture de Nicolas Sarkozy lors de sa dernière venue - une visite éclair de 37 heures, en 2008, marquée par une attitude jugée totalement déplacée par les hôtes (retard, envois intempestifs de SMS, etc.) et une indifférence aux joyaux culturels (le Taj Mahal avait fait l'objet d'une excursion de... 30 minutes). Un ressentiment épineux pour le président Sarkozy, qui doit cette fois apparaître suffisamment séduisant pour susciter la signature de contrats d'une grande importance économique (plus de dix milliards d'euros d'accords, notamment dans le nucléaire civil et la défense, sont convoités !) avec la deuxième locomotive mondiale de la planète, qui a préalablement été courtisée par David Cameron et Barack Obama, et le sera prochainement par Dmitri Medvedev. Et en matière de séduction, l'argument majeur de Nicolas Sarkozy se nomme... Carla Bruni-Sarkozy !
Réclamée expressément par le Premier ministre indien, la première dame avait pesé auprès de l'Elysée pour que cette visite ne ressemble pas à la précédente, tandis que le quotidien The Hindu prévenait Sarkozy que "tous les yeux ser[aie]nt rivés sur lui". Résultat : un programme de quatre jours et trois nuits, passant par Bangalore (leader technologique), où la délégation française a débarqué, Agra (site du Taj Mahal), New Delhi (capitale politique, un passage obligé) et Bombay (mégalopole affairiste).
Visite intime et romantique dans le temple de l'amour... à l'heure de la sérénade !
A leur arrivée samedi matin à Bangalore, Nicolas et Carla étaient entourés d'une copieuse délégation (sept ministres et près de soixante-dix chefs d'entreprise), où l'on identifiait naturellement des hauts fonctionnaires tels que les ministres de l'Economie Christine Lagarde et des Affaires Etrangères Michèle Alliot-Marie, de grands entrepreneurs, à l'instar de Louis Gallois, ou encore des proches de Carla Bruni, qui était notamment accompagnée de sa mère Marisa (qui boîte légèrement des suites d'une chute à Paris) et de sa grande amie Farida Khelfa. Mais aussi... Christine Ockrent, vraisemblablement conviée avec son compagnon Bernard Kouchner : alors même qu'elle peine à se dépêtrer du scandale d'espionnage et de piratage interne de l'AEF dont elle est directrice déléguée (une affaire dans laquelle elle vient d'annoncer son intention de porter plainte contre l'hebdomadaire Marianne et son site pour diffamation, par le biais de Me Temime), la journaliste se voit là offir en cadeau une jolie bouffée d'air loin du climat empoisonné de ce dossier. Difficile de bien cerner ce qui justifie sa présence en Inde avec les officiels... Heureusement que les copains sont là pour détendre l'atmosphère...
Samedi matin, le couple présidentiel et la délégation assistaient à une première conférence au centre spatial indien, à Bangalore, point névralgique de l'activité technologique, dans le sud du pays, où Carla Bruni a notamment éclipsé Mmes Alliot-Marie, Pécresse et Lagarde. Et, dans l'après-midi, le Taj Mahal, merveille d'architecture moghole et de culture, et "Monument de l'amour" visité par trois millions de curieux chaque année, avait été entièrement privatisé. "Nous rendrons hommage à cette admirable civilisation qu'incarne le Taj Mahal", avait déclaré Nicolas Sarkozy, ostensiblement désireux de corriger le tir. Pas conviés, les médias indiens ne s'en sont pas offusqués, et sont tout entiers tournés vers ce mystère à deux : "Sarkozy will serenade Burni on visit", s'embrasait le Times of India, comme l'a relevé le JDD.
De l'art de charmer un pays en quatre mots et autant de tenues...
Et pendant que les amoureux, acheminés à Agra en Falcon 7X, visitaient une des merveilles de l'humanité en toute intimité, les médias passaient en boucle cette phrase de Carla Bruni, qui a subjugué son monde en quatre mots : "India is a dream". Au final, la Carlamania l'emporte encore : peu de quotidiens faisaient leur une sur les enjeux économiques de cette visite au sommet... "La classe de Carla laisse Bangalore sans voix", affirmait le Sunday Times, en détaillant les tenues de Carla, son "élégante jupe beige" ou son "châle vert" qu'elle porte "avec l'aisance du top model" qu'elle fut, affirme le journal. Le Mail Today faisait pour sa part sa Une sur "La romance de l'Inde et de Carla".
Après une nuit passée au palace Villa Amar, avec vue sur le Taj Mahal, où seuls les intimes (Marisa, Farida) devaient les accompagner, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy avaient encore toute la journée du dimanche pour flâner, notamment à la découverte de l'ancienne capitale impériale de Fatehpur Sikri, à une quarantaine de kilomètres d'Agra, un site du XVIe siècle classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Le chef de l'Etat français pourrait commencer à récolter les fruits de cette opération séduction largement menée par Carlita dès dimanche soir, à la faveur de son premier entretien avec le Premier ministre Manmohan Singh, qui l'accompagnera lundi à Bombay.
G.J.