En janvier 2018, l'entraîneur de l'équipe sud-coréenne de short-track a été suspendu. Cho Jae-beom était accusé par son athlète de 21 ans, Shim Suk-Hee, de l'avoir frappée. "Nous allons enquêter sur l'incident et nous prendrons en conséquences les mesures nécessaires", avait réagi à l'époque la fédération. Après avoir avoué aux policiers avoir frappé la jeune patineuse ainsi que trois autres athlètes afin "d'améliorer leurs performances", l'entraîneur avait été condamné à dix mois de prison en première instance mais il avait fait appel.
Onze mois plus tard, la spécialiste du short-track, qui a débuté la discipline à l'âge de 7 ans, a témoigné devant le tribunal de Suwon, au Sud de Séoul, racontant le calvaire qu'elle a vécu durant de longues années. "À partir de 7 ans, il me battait souvent, et m'agressait verbalement. À un moment, il m'a frappée avec un bâton de hockey, me brisant les doigts", a raconté Shim Suk-Hee, triple médaillée olympique en 2014, aux Jeux de Sotchi (médaille d'argent du 1 500 mètres, médaille d'or du relais 3 000 mètres et médaille de bronze du 1 000 mètres). Une autre fois, il lui avait jeté dessus des boulons en métal, lui ouvrant le front.
Quelques semaines avant les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang, "il m'a donné des coups de pied et de poing si forts, surtout à la tête, que je me suis même dit 'Je pourrais vraiment mourir'", a-t-elle rapporté, éclatant en sanglots. La jeune femme a ajouté que son entraîneur lui avait fait subir un "lavage de cerveau". Il la menaçait de mettre fin à sa carrière sportive si jamais elle parlait des abus. Toute sa vie, elle a été "paralysée par une peur et une angoisse extrêmes" vis-à-vis de son coach.
"Je suis en traitement psychologique pour dépression, angoisses, troubles du sommeil et stress post-traumatique", a-t-elle expliqué. Shim Suk-Hee n'avait pas témoigné en première instance de peur d'avoir "à le confronter", mais en appel, elle s'est reprise : "J'ai rassemblé mon courage car j'ai pensé que je devais dire la vérité."