Peu après avoir perdu "la Stupenda" Joan Sutherland, le monde de l'art lyrique était meurtri, samedi, par l'annonce du décès de Shirley Verrett, décédée le 5 novembre à l'âge de 79 ans, des suites d'une insuffisance cardiaque, à son domicile du Michigan. On notera d'ailleurs qu'elle partageait avec la précédente une belle prédilection, outre pour Verdi, pour l'oeuvre de Donizetti.
Le New York Times, qui répandit la funeste nouvelle, saluait tout particulièrement la puissance et la grâce de celle qu'on surnommait "la Callas noire" (la Negra Callas) depuis sonn interprétation mémorable de Lady Macbeth dans l'opéra "shakespearien" de Verdi donné à la Scala de Milan en 1975.
Native de la Nouvelle-Orléans, au sein d'une famille qui ne voyait d'abord pas d'un très bon oeil ses prédispositions pour le chant, Shirley Verrett avait pour particularité d'avoir évolué, au cours de sa carrière, de sa tessiture d'origine (mezzo-soprano) vers des rôles de soprano. Après des débuts en 1957 dans The Rape of Lucretia, opéra de Benjamin Britten et son triomphe dans le concours des jeunes talents du Met de New York en 1961, elle s'attira bien des faveurs en 1962 (année où elle apparut par ailleurs dans le tout premier concert télévisé) avec sa composition de Carmen, un de ses rôles favoris, qu'elle reprendra en de multiples occasions et scènes. C'est d'ailleurs en Carmen qu'elle fera, en 1968, ses débuts sur la scène du Met, avant de se signaler dans Samson et Dalila à la Scala l'année suivante. Dans les années 1970, elle se distinguera en se tournant vers des rôles de soprano, tels ceux de Lady Macbeth (Macbeth), Madame Lidoine (Dialogues des Carmélites), ou encore Tosca : sa performance dans le rôle de Floria Tosca face à Luciano Pavarotti, en 1978 au Met, fut diffusée à la télévision au moment des fêtes de fin d'année.
Shirley Verrett fit par ailleurs ses débuts à Broadway en 1994, et devint en 1996 professeur à l'Ecole de musique, théâtre et dance du Michigan, où celle qui rayonna durant tant d'années sur scène avec un éclat unique chercha avec passion à transmettre le flambeau aux jeunes générations.
En 2003, elle publiait ses mémoires, I Never Walked Alone, dans lesquels elle évoquait sans détour le racisme dont elle avait été la victime en intégrant le monde américain de la musique classique.