Sonia Rykiel est morte il y a bientôt deux ans. Sa fille, Nathalie Rykiel, qui a travaillé à ses côtés durant de longues années veille toujours sur cette maison de couture, synonyme de libération des femmes, de rayures et de mailles, de mannequins vivants sur les podiums. La direction artistique a été confiée à Julie de Libran il y a quatre ans. Dans une longue interview croisée avec l'une de ses trois filles Lola Rykiel, fondatrice de l'agence de communication Le Chocolat noir, Nathalie revient pour Madame Figaro sur ses rapports aussi forts que particuliers avec Sonia.
"Pas banale, ma mère !", lâche Nathalie Rykiel dans cette interview. Comment mieux résumer celle qui a ouvert sa première boutique en août 1968 ? Dans Madame Figaro, La fille de Sonia raconte : "Elle pouvait me dire que j'avais 'la beauté de pas tous les jours'. Lorsque je lui ai demandé ce qu'elle entendait par là, elle m'a répondu : 'Il y a des jours où tu n'es pas si jolie que ça et d'autres où tout le monde s'écarte en te voyant passer tellement tu es époustouflante.' Elle pouvait, en effet, me faire parfois ce genre de sale cadeau ambigu !"
Elle adorait les non-dits, les silences, les jeux entre mensonge et vérité
Sonia Rykiel et Nathalie ont travaillé ensemble pendant plus de quarante ans. Et si la créatrice pouvait lui faire de "sales cadeaux ambigus", sa fille n'en était pas moins sa confidente et Sonia lui racontait tout de ses amours : "Je l'écoutais car j'avais le sentiment qu'elle avait besoin de me raconter ses liaisons, se souvient Nathalie. Ses engueulades, ses coups de cafard... Je dois avouer que ce n'était pas ce que je préférais." Mais elle avait aussi un goût particulier pour l'intrigue : "Avec ma mère, les relations étaient plus complexes. Elle adorait les non-dits, les silences, les jeux entre mensonge et vérité."
Pas banale sans le moindre doute. Aujourd'hui Nathalie Rykiel veille toujours sur la maison de couture créée par Sonia. Et dans son livre, Écoute-moi bien (éditions Stock), elle écrivait qu'à la mort de sa mère, elle s'était sentie à la fois orpheline et veuve. Lola Rykiel a pu observer de près ce lien unique : "Je comprenais bien qu'elles formaient une sorte de couple. Elles étaient contentes d'être ensemble, inséparables. C'était leur histoire à elles."
Une histoire à découvrir davantage dans Madame Figaro, en kiosques le 25 mai 2018.