Dans un très long portrait que dresse le magazine L'Express, on en apprend un peu plus sur la manière dont Stromae a découvert la mort de son père, qu'il ne voyait que très peu en raison de la double vie que celui-ci menait entre la Belgique et le Rwanda. Alors à peine sorti de l'enfance, l'artiste en devenir n'a pas versé une larme...
Dans les pages du magazine, on remonte à avril 1994, période à laquelle Stromae remarque que "les conversations s'arrêtent quand il entre dans une pièce" et que les sanglots, les yeux mouillés, se posent dans les voix et sur les visages de ses proches. Sur le moment, alors qu'il n'a que 9 ans, personne ne l'informe que son père Pierre Rutare est mort au Rwanda, massacré "comme 800 000 autres Tutsi" après avoir été "emmené par les hommes de la garde présidentielle". Finalement, il finira par poser lui-même la question... trois ans plus tard ! "'Il est mort ?' 'Oui !' (...) Je l'avais un peu deviné. Alors, je n'ai pas pleuré. Peut-être que je m'étais préparé, barricadé. Il n'empêche : ce papa qu'on n'a pas vu petit, on ne pourra pas, plus tard, rattraper le temps perdu avec lui. C'est cela, le deuil", confie-t-il.
Stromae, qui avait eu des mots assez durs sur ce père absent et mari infidèle qui lui a inspiré son énorme tube Papaoutai, est tout de même parti sur ses traces (et sur celles de sa propre histoire) lors d'une tournée en Afrique d'où il a été rapatrié d'urgence pour problèmes de santé. Aujourd'hui, l'artiste de 33 ans qui s'apprête lui-même à devenir papa, dit toutefois ne pas être en mesure d'écrire une chanson sur le génocide. "Corneille, lui, peut le faire, parce qu'il a vraiment vécu ce drame. Ce serait mentir de dire que moi j'ai souffert avec mes frères africains", précise-t-il.
Thomas Montet
Le portrait de Stromae est à retrouver dans L'Express, en kiosques le 2 mai 2018.