Il se faisait un plaisir de revenir en Afrique en juin 2015, de retrouver ses racines. Stromae n'avait pourtant pas pu assurer les concerts qu'il devait donner à Kinshasa (Congo) puis à Kigali, au Rwanda, pays d'origine de son papa, massacré au cours du génocide. Le chanteur belge de 32 ans avait été rapatrié d'urgence pour raison médicale. Si aucun détail n'avait été fourni à l'époque, on avait appris plus tard que l'artiste avait souffert d'une mauvaise réaction à un traitement médicamenteux.
Alors que Libération consacre à Paul Van Haver (le vrai nom de Stromae) et à sa femme Coralie Barbier un portrait croisé le 17 mars, l'interprète des tubes Alors on danse, Papaoutai... revient sur son rapatriement en urgence, son hospitalisation ainsi que le stress de revenir au Rwanda. "Ça, c'est un sujet délicat pour moi. Je ne dormais plus, la date de concert au Rwanda approchait. La première fois que j'y suis allé, j'avais 6 ans. Et vous le savez, mon père s'est fait tuer pendant le génocide", rappelle Stromae. À l'époque, il était en tournée depuis des mois, la fatigue s'était imposée : "Après 150 dates, j'étais à plat. Je n'ai pas supporté mon traitement anti-paludisme, ça m'a filé des hallucinations. J'ai cru que j'avais basculé dans la folie, on m'a diagnostiqué une décompensation psychique. J'aurais pu faire une connerie, je n'étais plus moi-même." Alors que Coralie devait le rejoindre en Afrique, elle a annulé son voyage après avoir reçu un appel l'avertissant du rapatriement en urgence de son compagnon. La jeune femme a craint pour sa santé. "J'ai cru que je ne le retrouverais jamais plus comme avant", se souvient-elle pour Libération.
Une frayeur qui a sans nul doute pesé dans la balance lorsque Stromae a pris la décision inattendue de suspendre sa carrière musicale pour se consacrer à Mosaert, le label cocréé avec sa femme. Tout aussi inattendue, sa toute récente collaboration avec Vitaa sur le titre Peine et Pitié. Stromae avoue avoir besoin de se retrouver en studio pour son bien-être. Pas question pour autant d'ouvrir ses services à n'importe qui : "Je ne suis pas prêt à faire une grosse daube pour des histoires d'argent parce qu'alors le public me dira 'Stromae tu sais quoi ? Va bien te faire foutre !' et il aura raison."
Des propos flatteurs pour Vitaa.
Olivia Maunoury
L'intégralité du portrait de Stromae et Coralie Barbier est à retrouver dans Libération en kiosques le 17 mars 2017.