Les ennuis pourraient ne pas être pas terminés pour Bertrand Cantat. L'AFP dévoile en effet qu'une avocate spécialisée dans les violences conjugales, Maître Mellul, a décidé de poursuivre le chanteur de Noir Désir pour le suicide de son épouse Kristina Rady en janvier 2010. La femme de loi parisienne juge que ce décès a été entraîné par des violences psychologiques de la part du musicien.
L'avocate explique que si elle ne représente pour l'heure aucune partie dans cette affaire, elle agit en tant que militante de la défense des droits des femmes. Avec cette démarche, elle souhaite "alerter le procureur de la République en lui donnant des éléments qui lui permettraient de se saisir du dossier". Me Mellul s'appuie notamment sur un message laissé sur le répondeur des parents de Kristina dans lequel la jeune femme expliquait vouloir s'enfuir et avoir peur de Bertrand Cantat. "À l'examen très attentif de ce message, on voit que pour elle, la seule issue, c'est le suicide", s'indigne l'avocate
Mais la démarche de Yaël Mellul est compromise. D'une part, le chanteur avait été mis hors de cause par la justice dans le suicide de sa compagne. De l'autre, son propre avocat, Me Aurélien Hamelle, a répliqué à l'AFP que Me Mellul "n'est mandatée par personne, n'a aucune légitimité et aucune connaissance de l'affaire ou des personnes impliquées autrement que par ce qu'elle a pu lire dans la presse".
Me Aurélien Hamelle évoque ici un livre de Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard, L'Amour à mort. Paru en juin dernier aux éditions de L'Archipel, cet ouvrage contient la retranscription du message téléphonique laissé par Kristina sur le répondeur de ses parents. Elle y déclarait alors : "Hélas, je n'ai pas grand-chose de bon à vous offrir. [...] Bertrand l'a empêché et l'a transformé en un vrai cauchemar qu'il appelle amour. Et j'en suis maintenant au point - alors que j'avais du travail pour tout ce mois-ci, ce qu'il ne supporte pas - qu'hier j'ai failli y laisser une dent. [...] Il m'a jeté quelque chose, si bien que mon coude est complètement tuméfié et malheureusement un cartilage s'est même cassé, mais ça n'a pas d'importance tant que je pourrai encore en parler. [...] J'essaie de vivre de telle manière que je ne sois pas obligée de fuir, car soit il sera déjà trop tard pour fuir faute d'être encore en état de le faire, soit je réunis mes forces maintenant et je m'enfuis avec Liszka [surnom de leur fille Alice, NDLR], mais sans même savoir où."
Les parents de Kristina Rady avaient quant à eux accordé des interviews à Paris Match et VSD dans lesquelles ils incriminaient leur beau-fils. "Elle a toujours dit que Bertrand ne réalisait pas vraiment ce qu'il faisait. (...) Une fois, elle a avoué que Bertrand l'avait giflée à l'époque où elle était tombée enceinte de sa fille Alice", expliquait Csilla Rady, sa maman.
D'après Me Mellul, il est pourtant possible de poursuivre le chanteur pour le "suicide forcé" de sa compagne si la justice applique l'article 222-7 du Code pénal, qui réprime "les violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Si elle sait que sa requête est "inédite", l'avocate explique trouver étrange qu'on puisse "condamner pour harcèlement dans le cadre du travail, mais pas dans la sphère privée" et dit avoir "hâte de voir de quelle manière le parquet de Bordeaux va aborder cette problématique".
Affaire à suivre...