Alors que Kristina Rady, la mère de ses enfants - Milo, 12 ans, et Alice, 7 ans -, vient de se suicider par pendaison à l'heure du déjeuner ce dimanche 10 janvier, Bertrand Cantat était toujours entendu en fin de soirée par les services de la direction interrégionale de la police judiciaire. Ces derniers se sont déplacés sur les lieux, en présence du procureur de la République de Bordeaux. Une enquête a été ouverte et une autopsie sera pratiquée dès demain.
Kristina Rady s'est pendue à son domicile situé dans le quartier Nansouty à Bordeaux, dans la maison qu'elle partageait à nouveau avec le chanteur de Noir Désir, d'après les informations recueillies auprès de leur entourage.
Le couple s'était marié en 1997 et avait divorcé peu après la naissance d'Alice, quand Cantat était parti vivre avec Marie Trintignant , une liaison qui finira dans le drame à Vilnius . Il a été condamné à 8 ans de prison pour avoir "tué" Marie. La famille Trintignant ne lui pardonnera jamais ...
Kristina et Bertrand auraient repris la vie commune, d'après nos informations, depuis quelques temps. Pourtant, d'après ses proches, Kristina Rady était dépressive depuis plusieurs semaines. Bertrand Cantat dormait dans la maison au moment des faits et c'est leur fils de 12 ans qui aurait découvert le corps de sa maman... Quel drame ! Le jeune garçon avait été invité chez un copain pour le déjeuner et serait revenu dans la maison familiale vers 15 heures. Après avoir sonné et n'ayant pas obtenu de réponse, Milo serait donc entré avec ses clés et aurait découvert l'impensable. Il aurait alors réveillé son père...
Comment cette femme forte et combattante a pu en arriver là ? Elle aurait laissé une lettre...
Kristina n'avait jamais laissé tomber Bertrand Cantat. Dès qu'il a été incarcéré à Vilnius, elle s'était précipitée en Lituanie et avait été présente pendant son emprisonnement, elle avait témoigné à son procès, et est restée à ses côtés jusqu'à sa libération de la prison de Toulouse, où elle lui rendait visite avec leurs enfants chaque semaine. Elle avait toujours pris la défense de Cantat auprès des médias et s'était battue comme une lionne pour lui. Elle avait donné une interview exclusive au magazine Le Point ou elle disait justement être là pour essayer de le maintenir en vie (Il avait fait une tentative de suicide juste après son incarcération, après avoir appris le décès de Marie Trintignant)"Je lui dis que ses enfants ont besoin de lui et qu'il a besoin de ses enfants. J'essaie de lui expliquer que ce qui s'est passé le 27 juillet 2003 ne peut pas altérer tout ce qu'il a fait avant. Bien sûr, la mort de Marie a rempli son coeur de peine et de culpabilité. Et cela à perpétuité", déclarait-elle dans cette interview. Elle poursuivait en donnant les raisons de son engagement absolu pour le père de ses enfants : "C'est Bertrand qui m'a appris à être forte. J'ai passé douze ans auprès de lui - un tiers de ma vie -, je n'ai jamais rencontré un homme aussi incorruptible et honnête que lui. Il n'est pas devenu le porte-parole d'une génération par hasard. Je l'ai vu refuser des centaines de sollicitations afin de rester fidèle à ses idées et à ses engagements. Je l'ai vu résister à la gloire facile, au paraître, au mensonge. Il ne doit rien à personne : ce n'est pas un " fils de ". Tout ce qu'il a obtenu, il ne le doit qu'à son travail, à son talent". Elle concluait par "C'est un homme qui mérite que je le soutienne, qu'on le soutienne. Le fait qu'il soit le père de mes enfants ne suffit pas. J'aurais pu quitter depuis longtemps la France avec Alice et Milo sous les bras. Si je suis restée, c'est parce que j'ai un profond respect pour Bertrand Cantat". Elle réfutait avec force que le chanteur n'ait jamais levé la main sur elle.
Née en 1968 à Budapest, Kristina Cantat-Rady (de nationalités hongroise et française) était une personnalité majeure du monde de la culture. Ses activités étaient nombreuses et diverses, en tant que traductrice, rédactrice, metteur-en-scène, productrice, ou directrice artistique de festivals et événements, rapporte le site du quotidien SudOuest.
Depuis 2003, elle dirigeait une structure associative, " Kristina à l'OuEst " ayant pour vocation à développer des projets à la croisée des arts, du théâtre aux musiques actuelles, en favorisant le travail en commun de musiciens, écrivains, metteurs en scène et comédiens.
Passionnée de littérature et de poésie, elle a traduit en français de nombreux textes du poète hongrois Attila Jozsef, notamment "A coeur pur" qu'elle a également mis en scène. Interprété par le comédien Denis Lavant et le guitariste de Noir Désir Serge Teyssot-Gay, ce spectacle, vu sur de nombreuses scènes à travers le monde (dont le TnBA de Bordeaux), a fait l'objet d'un livre-CD publié en 2008 aux éditions du Seuil.Toutes les informations sur Kristina Rady sont à retrouver en cliquant ici . Ses copains musiciens de Noir Désir et son frère le photographe Xavier Cantat - qui vit avec Cécile Duflot la secrétaire générale des Verts, ils ont eu en 2008 une petite fille Térébentine -, ont rejoint Bordeaux dans l'après-midi.
Bertrand Cantat - qui préparait un album pour l'automne 2010 avec son groupe - dont la fin de la libération conditionnelle est fixée à juillet 2010, est aujourd'hui un homme brisé. Il va devoir faire face, seul, aux questions de ses deux enfants, les élever dans le souvenir de cette femme exceptionnelle qu'était Kristina Rady.
Plus d'informations sur ce drame, demain...