La mort a frappé le réalisateur grec Theo Angelopoulos. Le cinéaste de 76 ans est décédé mardi 24 janvier dans un hôpital du Pirée, port proche d'Athènes en Grèce, des suites de ses blessures. Le jour même, il avait été percuté et grièvement blessé par un motard alors qu'il traversait le périphérique près de la banlieue de Kératsini et avait été hospitalisé.
"Il avait été admis dans l'unité des soins intensifs, il souffrait de graves blessures crâno-encéphaliques, d'hémorragie interne, de plusieurs fractures partout, au thorax, au bassin, au pied droit et au bras gauche. Il a même subi des arrêts cardiaques au cours de son hospitalisation avant d'être admis dans la salle d'opération. [...] Mais il a finalement succombé à ses blessures", a indiqué à l'AFP Georges Géorgiades, directeur de l'unité des soins intensifs de la clinique privée Metropolitan.
"Nous sommes tous en deuil pour le grand réalisateur, qui avec son oeuvre a honoré la patrie", a déclaré le porte-parole du gouvernement Pantélis Kapsis, peu après l'annonce de son décès. Le cinéaste laissera inachevé le film L'Autre Mer qu'il était en train de tourner, une oeuvre sur la crise financière qui touche son pays natal et l'Europe.
Né à Athènes, Theo Angelopoulos fut critique et a réalisé en 1970 son premier long métrage, La Reconstitution, Grand Prix du Festival de Salonique. Il a obtenu en 1998 la Palme d'or du Festival de Cannes pour L'Eternité et un jour avec Bruno Ganz, dont le président du jury était alors Martin Scorsese. Trois ans plus tôt, il avait reçu le Grand Prix et le Prix FIPRESCI de la Critique internationale au Festival de Cannes pour Le Regard d'Ulysse.
Figure de la nouvelle vague du cinéma grec des années 1970 et 1980, avec des oeuvres comme Voyage à Cythère et Paysage dans le brouillard (Lion d'argent à la Mostra de Venise en 1988), Theo Angelopoulos, une dizaine de longs métrages à son actif, a étudié en France - à la Sorbonne et à l'IDHEC, ex-Fémis - et a été singulièrement marqué par le cinéma français de l'époque.
En 1995, Theo Angelopoulos avait livré ses mots passionnés aux lecteurs de Télérama : "Se perdre dans un monde où les autres langues sont de la musique, les autres habitudes sont des découvertes. Comprendre que de ce mélange peut naître l'extraordinaire." L'artiste a rejoint l'Eternité du Septième Art.