Thomas Dutronc, en bon pote qu'il incarne pour son public, en bon pote qu'il est réellement hors de la vue du public, paye sa tournée. Toujours aussi délicieusement nonchalant mais également superbement entreprenant et précis dans son deuxième album, Silence on tourne, on tourne en rond, le chanteur de 39 ans épris de jazz manouche a pris la route des concerts pour plusieurs mois après avoir fait retraite pendant un moment.
A l'occasion de ce retour en lumière et en musique, et tandis que sa mère, Françoise Hardy, fait un retour en grâce divin avec l'album L'Amour fou (accompagné d'un roman autobiographique éponyme), Thomas Dutronc a ouvert son tour bus et son coeur à Paris-Match, en kiosques depuis jeudi.
L'hebdomadaire le constate, photos à l'appui : l'atmosphère dans le bus de tournée, où le musicien cohabitera jusqu'à février 2013 avec 17 compères, est très conviviale. Une ambiance de bodéga, de bar où la fête n'a point d'heure ni de limite, où passion et amitié trinquent allègrement. "Notre bus ressemble à un bateau de pirates en tee-shirt rock n'roll, avec des gueules et des personnalités hallucinantes. Il y a toujours de la bière dans le frigo, et, le soir, en sortant de scène, on écoute encore Django, Brassens ou Michael Jackson. On ne se couche jamais avant 3 ou 4 heures du matin et je ne dors pas plus de quatre ou cinq heures", confie-t-il à propos de ce microcosme où beaucoup aimeraient sans doute être invités.
Un rythme fatiguant, un mode de vie grisant qui font lui font constater qu'il "n'arrive pas à être raisonnable". Qu'importe, il a eu tout loisir de recharger les batteries au préalable : "Je me suis arrêté presque six mois, note-t-il en expliquant que son deuxième album lui avait demandé toute une année de travail. J'ai acheté une petite maison en Corse, près de l'Ile-Rousse où vit mon père ; j'ai enfin aménagé mon appartement parisien. Je suis devenu un passionné de meubles et de gadgets électroniques - "La Guerre des étoiles" projetée en continu dans les toilettes ! Je me suis aussi équipé d'une hotte électronique dans la cuisine alors que je ne suis jamais aux fourneaux. J'ai acheté une vingtaine de guitares afin d'obtenir des sonorités plus électriques. D'autres ont une cave à vins, moi, c'est une "cave à guitares". J'ai envie de passer du temps chez moi, de recevoir des amis. Que la fête continue au-delà de la tournée."
Les amis, mais pas seulement... "J'ai l'impression que ma carrière et ma vie sont lancées (...) J'ai davantage confiance en moi, même si je crains de perdre ma fraîcheur (...) Je mesure la chance que j'ai. Je pense à mes parents. J'ai envie de profiter d'eux. Moi qui me nourrissais de nostalgie, je ne pense plus qu'au présent." Un présent qui, pour autant, ne passe pas forcément par une vie de couple, bien que l'idée, la quarantaine approchant, "le désir d'avoir des enfants commence à [le] travailler", comme il l'avait déjà avoué l'été dernier. "J'ai envie de mystère et d'une dimension artistique", répond-il à une question sur son célibat. Avant d'ajouter : "J'ai peur de l'ennui dans une relation de couple, d'autant que je ne sais pas mentir. J'ai été élevé par une maman qui faisait tout à la maison et un papa qui regardait la télé pour se reposer. J'ai tendance à être plutôt macho avec une femme, à reproduire le comportement de mon père. Mais attention, je suis prêt à changer."
Pour l'instant, la femme la plus importante dans sa vie semble rester... Françoise Hardy : "Ma mère suit tout ce que je fais, répond-il spontanément lorsqu'on évoque la fierté de ses parents. Il lui arrive parfois de me donner deux ou trois conseils sympas pour des télés ! Elle regarde toutes les vidéos de moi sur YouTube, ce que les gens filment avec leurs téléphones portables. En ce moment, elle écoute chaque soir, en boucle, mon duo avec Imelda May. Que ce titre lui plaise autant me rend heureux ; c'est très important pour moi. J'ai la plus tendre des mamans, ses avis me manqueraient (...) "Avec [mon père], les rapports sont apaisés (...) En Corse, depuis que j'ai ma propre maison, il vient me voir chez moi, lui qui est tellement dur à bouger ! Ça me touche. Et puis, il me fait rire."