Une patronne sans victoire majeure, cela commençait à faire désordre, à la WTA... Victoria Azarenka a profité du premier grand rendez-vous de l'année tennistique, l'Open d'Australie, pour y remédier et mettre un terme à ce règne ubuesque de Caroline Wozniacki.
Et tandis que la Danoise, sortie en quart de finale, cherche désespérément du côté de son boyfriend, le prodige irlandais du golf mondial Rory McIlroy, la clé du succès au plus haut niveau, Victoria Azarenka s'est payé la tête de Sharapova et le luxe de lui infliger une sacrée rouste : 6-3, 6-0 en 1h22'. Sur la Rod Laver Arena de Melbourne, la Bélarusse de 22 ans met deux jeux à rentrer dans son match et à digérer la tension liée à l'enjeu : celui de tenter de remporter la victoire pour sa première finale en Grand Chelem. Pari gagné, et de quelle manière !
Impérieuse sur sa ligne de fond de court, astucieuse dans sa défense, judicieuse dans ses montées, Victoria Zarenka distribue les rafales, et Maria Sharapova, qui se souvient qu'elle fut victorieuse et implacable au même endroit quatre années plus tôt (Open d'Australie 2008), court dans le vent. Le score est un reflet honnête de la physionomie de la rencontre : Azarenka a été impressionnante contre une Maria Sharapova qui revient pourtant à son meilleur niveau et se retrouvera lundi sur la troisième marche du classement mondial.
Un classement de la WTA qui attend d'accueillir ce lundi 30 janvier 2012 sa nouvelle reine : Victoria Azarenka. En embuscade depuis deux saisons, l'athlète franchit un cap. Critiquée jusqu'alors pour sa capacité à perdre ses moyens sous l'effet de la pression et pour les cris terribles qu'elle pousse sur le court (d'une puissance si insupportable que le problème est devenu une cause publique dans les médias après Wimbledon 2011, où elle se hissa en demi-finale, son meilleur résultat jusqu'à aujourd'hui), la première Bélarusse à s'imposer en Grand Chelem semble avoir réussi à solutionner le premier point. Déjà victorieuse en début d'année à Sydney, elle signe là, après avoir surclassé notamment la tenante du titre Kim Clijsters en demi-finale, une première victoire de prestige, propre à occulter les huit titres non majeurs décrochés depuis 2009.
"C'est un rêve qui se réalise. J'ai tant rêvé de gagner un tournoi du Grand Chelem et travaillé si dur que devenir n°1, c'est un beau bonus", a-t-elle déclaré à l'issue de sa victoire éclatante.
Dans une interview accordée à l'AFP, Azarenka n'a pas manqué l'occasion de souligner le travail accompli avec son discret coach français, le Breton Sam Sumyk, arrivé dans son staff après la rupture de sa collaboration avec Antonio Van Grichen en décembre 2009 : "C'était un gros changement après Antonio. Sam a une approche et une mentalité complètement différentes. Il m'a guidée pour m'aider à trouver la bonne approche mentale, l'attitude d'une gagnante, sans me pousser. Je lui dois beaucoup pour m'avoir éduquée."
L'intéressé est lui-même aux anges, comme il l'a confié à L'Equipe : "On plane un peu. J'ai l'impression d'être tout seul sur ma planète. Tout va bien. Je suis d'abord ravi pour elle et ensuite, je pense un peu à moi. Mais c'est son moment. C'est grâce à elle que tout se réalise, je suis juste un peu témoin de la scène. Je suis privilégié de regarder ça. (...) Je ne suis pas vraiment surpris car je la sens capable de faire cela depuis un petit moment. Ce n'est pas un rêve, mais vous espérez très fort que cela se passe comme ça."
Prochaine mission : réussir à battre enfin Petra Kvitova, sa principale rivale et sa dauphine à partir de lundi, pour seulement 895 points.