Nicolas Douchez, Kingsley Coman, Lucas Hernandez, Antoine Conte... Tous ces footballeurs ont été impliqués, depuis décembre 2016, dans des affaires de violences conjugales. La plupart d'en entre eux ont été reconnus coupables et condamnés. Ce lundi 26 mars, L'Équipe publie un numéro inhabituel, tant sportivement qu'émotionnellement. Ce n'est pas un athlète qui fait la une du célèbre quotidien mais une silhouette féminine photographiée de profil, le visage volontairement caché, comme son identité. "Miriam" (son prénom a été modifié) raconte l'enfer qu'elle a vécu auprès d'un footballeur professionnel toujours en activité, qui a évolué dans le championnat français. Victime de violences conjugales, la jeune femme livre tous les détails de son calvaire à L'Équipe, comment elle a encaissé les coups, même enceinte, et comment elle a protégé son bourreau et sa carrière.
C'est en Afrique, où elle habite alors, que "Miriam" rencontre celui qu'elle appelle "Monsieur" tout au long de son interview. Le footballeur professionnel l'invite alors à le rejoindre en France, à s'installer avec elle tout en lui procurant des papiers. C'était il y a quatre ans. "Quand je l'ai connu, il était adorable. Mais dès qu'on a habité ensemble, j'ai vu qu'il n'était pas très stable et qu'il était vraiment violent", confesse-t-elle. Violentée jusqu'à "trois fois en un mois", la jeune femme devient un défouloir pour son compagnon. "Il cherchait toujours un prétexte pour taper. Et ce n'était pas des petites gifles, mais des coups de poing dans le ventre, sur le visage, partout... En plus, je dépendais complètement de lui financièrement, car il refusait que je travaille", raconte la victime. Malgré les coups répétés, "Miriam" n'a jamais porté plainte : "J'étais très amoureuse de lui et je voulais le protéger, lui et son football."
Tu vas tuer l'enfant ! Tu vas tuer l'enfant
Lorsqu'elle tombe enceinte, la jeune femme est invitée par la mère de compagnon et sa propre mère à espérer un changement radical de comportement, un apaisement au sein du foyer, alors même que le futur papa s'en était également pris à la mère de son premier enfant dans le passé. "Sa propre mère et la mienne m'ont appelée, en me disant : 'Vous allez avoir un enfant, peut-être qu'il va changer, donc laisse tomber l'histoire des violences'", se souvient-elle. Mais le footballeur, déjà papa d'un garçon, n'abandonne pas les coups et va même jusqu'à s'en prendre à "Miriam" alors enceinte de huit mois. La jeune femme relate ce jour de juin 2016 où elle a craint pour la vie de son bébé, à un mois de son accouchement. Plongé dans une profonde colère, le footballeur l'agresse en présence de plusieurs proches, une amie chez qui "Miriam" était allée se réfugier, "la mère de son fils et un copain." "Mon amie voulait l'aider, mais le copain de 'Monsieur' l'en empêchait. Je luis criais : 'Tu vas tuer l'enfant ! Tu vas tuer l'enfant'", raconte-t-elle. Mais à ce moment de la grossesse, le futur papa est persuadé que ce bébé n'est plus le sien après l'avoir pourtant reconnu à la mairie quatre mois avant sa naissance.
Les actes du compagnon de "Miriam" ne sont pas toujours restés secrets. Pour autant, l'intervention, à plusieurs reprises, de la police à leur domicile n'a jamais rien changé. : "Les policiers sont venus plusieurs fois chez nous à cause des plaintes des voisins et ils m'ont vue dans de sales états. Mais, dans cette ville-là, ils sont très accommodants. Ils me demandaient toujours toujours mon autorisation pour embarquer 'Monsieur' et comme je ne disais jamais non, ils me répondaient : 'La prochaine fois, on l'embarque.' Mais ils ne l'ont jamais fait."
Considéré comme réservé et timide dans son environnement professionnel, le compagnon de "Miriam" n'a jamais attiré l'attention de son club. "Ses coachs successifs et ses coéquipiers n'ont jamais rien vu de son comportement violent", reconnaît la jeune femme.
Devenue maman sur le territoire français, grâce au soutien de l'une des tantes de son ex-compagnon, la jeune femme est décidée à retourner vivre chez ses parents, en Afrique, avec son fils. Le footballeur incriminé, dont l'identité n'est jamais dévoilée, n'a toujours pas reconnu son fils et refuse tout test ADN.
L'intégralité du témoignage de "Miriam" est à retrouver dans L'Équipe en kiosques le 26 mars 2018.