Biographie
- Naissance : 20 mars 1957, Atlanta
- Âge : 67 ans
- Signe astrologique : Poisson
- Résidence : Etats-Unis
Souvent décrié pour son intransigeance, ou acclamé pour les mêmes raisons, Spike Lee est l'un des cinéastes majeurs de sa génération, et une voix qui porte les colères des Afro-Américains.
Shelton Jackson Lee, de son vrai nom, naît le 20 mars 1957 à Atlanta, Georgie, dans un milieu plutôt favorisé et tourné vers les arts. Sa mère est enseignante en histoire de l'art et son père musicien de jazz et compositeur. Le futur cinéaste grandit avec ses frères et soeurs à Brooklyn, où ses parents ont déménagé. Il poursuit ses études au Morehouse College, une université noire célèbre, où il réalise son premier film, Last Hustle in Brooklyn. Il est ensuite diplômé de la New York University's Tish School of the Arts, avec un film d'étudiant, Joe's Bed-Stuy Barbershop : We Cut Heads, qui est projeté au Lincoln Center's New Directors/New Films Festival.
Spike (ainsi surnommé depuis l'enfance par sa mère) Lee commence à travailler en 1985 sur son premier long métrage, Nola Darling n'en fait qu'à sa tête, avec un budget très mince de 175 000 dollars. Un film en noir et blanc qui connaît un gros succès à New York et remporte plusieurs prix dont le Prix de la jeunesse 1986 au Festival de Cannes. Il engrange 7 millions de dollars au box-office américain. Il poursuit avec School Daze, en 1988, avec Larry Fishburne en vedette, un drame musical sur ses années d'études, produit, comme tous ses films par la suite, par la compagnie de production qu'il a fondée, 40 Acres and a Mule (16 hectares et une mule, ce que recevaient les esclaves affranchis après la guerre de Sécession).
Mais c'est en 1989 que Spike Lee fait sensation avec Do The Right Thing, un film culte sur la difficulté de cohabitation des communautés à Brooklyn, propulsé par une bande son percutante du groupe de rap Public Enemy. Le film est nommé aux Oscars pour le meilleur scénario, remporte de nombreux prix, suscite quelques polémiques et entre de plein fouet dans la culture populaire. Pour les 25 ans du film, Barack Obama le saluera et racontera que c'est le film qu'il a emmené sa future femme Michelle voir lors de leur premier rendez-vous ! Pour un budget de 6 millions de dollars, il en rapporte 37 millions. Après Do The Right Thing, Spike Lee a définitivement changé de statut, il incarne une nouvelle génération de cinéastes, concomitante à l'explosion du rap et des cultures urbaines. Il poursuit son travail d'exploration de la culture afro-américaine avec Mo' Better Blues, en 1990, un film dédié à son père, avec Denzel Washington et Wesley Snipes, et qui raconte le parcours d'un musicien de jazz. Le film a un succès moindre et déclenche une polémique quand des associations reprochent au réalisateur un portrait jugé antisémite d'un directeur de club de jazz juif. Il refuse de s'excuser, arguant que "tous les noirs ne sont pas des proxénètes, criminels, prostitués, violeurs, condamnés par la justice et drogués, pourtant c'est ainsi qu'Hollywood les montre à l'écran depuis des années".
Jungle Fever (1991), un drame romantique avec ses acteurs fétiches Wesley Snipes, John Turturro, Samuel L Jackson (et Spike Lee, qui s'accorde un petit rôle dans tous ses premiers films), est à nouveau un succès. Comme l'est Malcolm X, le biopic du leader politique assassiné (1992), interprété par Denzel Washington. Le sujet suscite quelques controverses historiques et éprouve quelques difficultés à boucler son budget, jusqu'à ce que des personnalités comme Prince, Oprah Winfrey, Michael Jordan, Magic Johnson, Bill Cosby ne viennent mettre la main à la poche pour aider à finir le film.
Crooklyn (1994), qui rappelle ses premiers films, et Clockers (1995), sont ses premiers échecs. La comédie Girl 6 (1996) en est un plus net encore. Quentin Tarantino est acteur dans ce film, les deux réalisateurs en viendront aux mots bien plus tard. Get On the bus (1996), un drame à coloration historique, joué par des inconnus interprétant des portraits d'hommes en partance pour la Million Man March de Washington organisée par Martin Luther King, fonctionne mieux, mais son succès reste modeste, doublant seulement son (faible) coût de production par ses revenus au box-office.
En 1997, Spike Lee réalise un documentaire poignant, 4 Little Girls, sur l'histoire de quatre fillettes brûlées vives dans un attentat du Ku Klux Klan, en 1963, dans une église de l'Alabama. Le film est nommé aux Oscars du meilleur documentaire et sort en salles avant sa diffusion sur la chaîne HBO. En 1998, He Got Game avec Denzel Washington n'est à nouveau pas un succès en salles, mais devient culte en vieillissant. C'est un drame familial dans le milieu du basket-ball, qui est la passion de Spike Lee, supporter emblématique des Knicks de New York. De nombreuses stars de la NBA apparaissent d'ailleurs dans le film.
Spike Lee n'est plus le réalisateur star des années 80, mais il poursuit une carrière solide, alternant drames, comédies, documentaires, avec toujours au coeur ce désir de donner un point de vue sur la société et la place des Afro-Américains dans l'Amérique. Summer Of Sam (1999), The Original Kings Of Comedy (2000), Bamboozled (2000) se suivent en alignant les échecs cuisants. Il renoue avec le succès avec La 25ème heure, paradoxalement son premier film avec des acteurs caucasiens ! Mais She Hate Me (2004) est un autre four, avant que Spike Lee ne regoûte au large succès avec un film de gangsters, Inside Man (2006), avec Denzel Washington, Jodie Foster et Willem Dafoe. Le film engrange plus d'un million d'entrées en France et il est le deuxième plus gros succès en salles aux USA cette année-là. La même année, il signe un documentaire à charge sur les inondations dues à l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans, pour la télévision. Il lui offre une suite en 2010 avec un autre documentaire sur des personnages de la ville détruite, If God is Willing and Da Creek Don't Rise.
Réalisateur prolixe, avec quasiment un film par an depuis ses débuts, sans compter les documentaires, Spike Lee sait jongler avec les conditions et peut passer d'un budget conséquent avec un casting de stars, comme dans Inside Man, à des projets excessivement modestes comme Red Hook Summer (2012), un autre chapitre de son exploration de Brooklyn par la fiction. Il a cependant réussi à décoller cette étiquette de réalisateur "noir" supposé n'arpenter qu'un territoire défini, avec des acteurs afro-américains. Oldboy (2013) est ainsi un thriller basique, Da Sweet Blood Of Jesus (2014) un film d'horreur basique, Chi-Rak (2015) une comédie musicale cette fois au casting essentiellement afro-américain.
Après un documentaire sur Michael Jackson, MJ Naissance d'une légende (2016, son second sur le sujet après Bad en 2012), Spike Lee retrouve son rang de metteur en scène vedette avec BlakkKlansman : j'ai inflitré le Ku Klux Klan, tiré d'une histoire vraie située dans les années 70. Sorti en 2018, il inclue des événements récents comme la manifestation des suprémacistes blancs à Charlottesville en 2017. Le film remporte le Grand Prix du Jury à Cannes en 2019 et offre à Spike Lee son premier Oscar, celui de la meilleure adaptation. C'est aussi son plus grand succès au box-office.
Spike Lee a rencontré sa femme, l'avocate Tonya Lewis, en 1992, et l'a épousée peu après. Le couple a eu deux enfants, Satchel (1994) et Jackson (1997), et réside à Manhattan, mais les bureaux de sa compagnie restent situés dans le quartier populaire de Fort Green à Brooklyn. Il est également professeur de cinéma à l'université de New York et, au fil du temps, il continue avec une verve intacte à être une voix qui porte pour la communauté, s'en prenant à Quentin Tarantino pour son usage abusif du mot "nigger" dans ses films, à Charlton Heston pour son soutien à la National Rifle Association qu'il juge responsable des meurtres de masse, à Clint Eastwood pour sa façon de traiter les Afro-Américains dans ses films historiques et à Donald Trump pour ses oeuvres complètes.