La composition du jury du prochain Festival de Cannes a finalement été dévoilée. Le 24 juin 2021, soit deux petites semaines seulement avant la cérémonie d'ouverture, les noms des personnalités qui accompagneront le président Spike Lee sont enfin connus. Et le moins qu'on puisse est qu'il a plusieurs jolies surprises pour cette 74e édition, qui se tiendra du 6 au 17 juillet.
Un nom était pour le moins inattendu, celui de Mylène Farmer ! Parfois qualifiée de Madonna française, la chanteuse de 59 ans a vendu 35 millions de disques tout en s'imposant au fil des décennies comme une figure de la pop culture, connue pour ses show grandioses à travers l'Europe et jusqu'en Russie ainsi que ses clips. Une carrière internationale jalonnée de grands succès tels que Libertine, Sans contrefaçon ou California, qui ont rencontré leur public via des clips considérés comme de véritables petits films, grâce à des collaborations avec des cinéastes et photographes de renom : Peter Lindbergh, Abel Ferrara, Luc Besson... Comme le rappelle l'AFP, en 2018, la chanteuse à la crinière rousse a rejoint le casting du film d'horreur Ghostland, récompensé au Festival du film fantastique de Gérardmer.
Mélanie Laurent sera également de la partie : la jeune orpheline juive assoiffée de vengeance chez Tarantino (Inglourious Basterds) ou citoyenne engagée pour l'environnement (Demain de Cyril Dion, présent cette année à Cannes) multiplie les casquettes. Actrice, scénariste et réalisatrice âgée de 38 ans, elle mène une carrière des deux côtés de l'Atlantique : en France, elle a été découverte dans Je vais bien, ne t'en fais pas (2006) et a déjà reçu deux César ; aux Etats-Unis, elle est devenue célèbre grâce à Quentin Tarantino et une danse improvisée, en 2009, sur les marches de Cannes. Elle a aussi réalisé un film américain Galveston, qui se déroule en plein Texas, et présentera en septembre sur la plateforme Amazon son dernier film, Le Bal des folles, sur des femmes internées au XIXe siècle.
L'Américaine Maggie Gyllenhaal : enfant de la balle comme son frère Jake, l'actrice de 43 ans, a été révélée au grand public dans Donnie Darko (2001) et La Secrétaire (2002). Elle accède à une reconnaissance mondiale grâce à The Dark Knight de Christopher Nolan (2008), où elle incarne la dame de coeur de Bruce Wayne alias Batman. En 2009, elle fait l'unanimité dans Crazy Heart (2009) qui lui vaut une nomination aux Oscars. Elle est également connue des amateurs de série grâce à son rôle dans The Deuce, série sur l'industrie du porno, dont elle est également productrice. Elle travaille actuellement sur son premier film, inspirée d'un roman à succès d'Elena Ferrante.
Song Kang-ho : acteur fétiche de Bong Joon-ho, il a été le père de la famille roublard de Parasite, Palme d'or 2019 ensuite récompensé de l'Oscar du meilleur film à Hollywood. En 26 ans de carrière, le Sud-Coréen a joué dans 40 films dont Memories of Murder (2003) et Snowpiercer, le Transperceneige (2013), film de science-fiction dystopique réalisé par Bong Joon-ho. Récompensé de l'"Excellence Award" au Festival du film de Locarno (Suisse) en 2019, il a été en 2020 sur la liste du New York Times des "25 meilleurs acteurs du 21e siècle".
Tahar Rahim : Premier rôle dans la série à succès de Netflix Le Serpent, où il incarne le tueur français Charles Sobhra, et nommé aux Golden Globes et aux Bafta pour Désigné Coupable (dans les salles françaises le 14 juillet), Tahar Rahim est l'acteur français à qui tout réussit. A 39 ans, l'acteur mène une carrière éclectique en France et aux Etats-Unis. Le compagnon de Leïla Bekhti et père de trois enfants a été révélé en 2009 dans Un prophète de Jacques Audiard, où il tenait le premier rôle, celui d'un détenu. Ce drame intense a remporté le Grand Prix du Festival de Cannes et 9 César, dont celui de meilleur espoir masculin et meilleur acteur. Il revient en compétition à Cannes en 2013 avec Le Passé de l'Iranien Asghar Farhadi et "Grand Central" de la Française Rebecca Zlotowski. Il a également été vu dans la série The Eddy sur Netflix, avec sa femme Leïla Bekhti.
Kleber Mendonça Filho : représentant de la nouvelle vague brésilienne, le réalisateur, 52 ans, a marqué le festival de Cannes en 2019 avec Bacurau, film de genre politique récompensé du prix du Jury ex-aequo avec Les Misérables de Ladj Ly. Pourfendeur de la politique de Bolsonaro, il avait déjà séduit la Croisette en 2016 avec Aquarius, chronique de la société brésilienne et des excès du capitalisme à travers le portrait d'une femme libre, en guerre contre une société immobilière qui veut la déloger, avec son actrice fétiche Sonia Braga.
Jessica Hausner : ancienne élève de Michael Haneke, la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner, 48 ans, a vu son film Little Joe, en lice pour la Palme d'or en 2019, primé pour la meilleure interprétation féminine remportée par l'Anglo-Américaine Emily Beecham. Ce long métrage évoquait des manipulations génétiques dans un futur assez proche où l'actrice jouait une phytogénéticienne à la fois très pointue et borderline qui travaille dans le développement de nouvelles plantes.
La réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop : révélée en 2019 avec Atlantique, son premier long-métrage récompensé du Grand prix à Cannes, elle n'a de cesse de revenir à l'Afrique, dont elle parle dans ce film où est évoqué le sort des migrants. La nièce du grand réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambéty, réalisateur de Touki Bouki, la cinéaste de 39 ans avait déjà été remarquée avec Mille soleils, en 2013. Actrice à ses heures, notamment chez Claire Denis dans 35 rhums (2008), elle est une admiratrice du cinéma onirique du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, qui sera en compétition cette année.