À 32 ans, Izïa Higelin a déjà vécu de nombreuses vies. Chanteuse depuis son adolescence comme son père et son frère notamment, la jeune femme a testé le cinéma, le théâtre et s'amuse à passer de l'un à l'autre avec beaucoup de talent. Mais depuis 2018 et le décès plutôt brutal de son célèbre papa, Jacques Higelin, les choses ne sont plus si faciles : la jeune femme vit une période sombre, dont elle a du mal à sortir.
Lors d'un portrait avec nos confrères du Monde, elle s'est confiée en toute transparence : "J'ai vraiment du mal à faire le deuil. J'ai l'impression que mon père et moi, on s'est toujours connus. J'avais 26 ans quand il est mort et tout me le rappelle, tout me ramène à lui, un détail de la vie, une mélodie...", raconte-t-elle en effet.
Une belle confidence, qui précède ses souvenirs de son enfance "extraordinaire", elle, la petite dernière d'une fratrie composée exclusivement de garçons et dont chacun avait une maman différente (Arthur, 56 ans, né de l'histoire du chanteur avec Nicole Courtois et Kên, 50 ans, dont la mère est Kuelan Nguyen).
Mon meilleur copain
"Il était gaga, se souvient-elle notamment. Il ne travaillait pas trop, je l'ai eu pour moi seule. On passait beaucoup de temps à la Villette, à la Cité des sciences, à la Géode [à Paris]. C'était mon meilleur copain, papa, on s'est beaucoup aimé. Il m'a mis très tôt une guitare entre les mains, puis ça a été le piano, on improvisait, on chantait. Quand il partait en tournée, il m'emmenait dans le bus avec lui. C'est lui qui m'a donné envie de faire de la scène", raconte-t-elle encore, particulièrement sans filtre sur les souvenirs de celui qui a longtemps été son héros.
Un véritable artiste respecté pour ses 50 ans de carrière et ses engagements sans failles sur des sujets de société. Et si sa fille semble prête à continuer de suivre ses pas, elle flanche cependant parfois devant un climat ambiant difficile. "Il est difficile de garder la foi en ce moment. On traverse une période terrible avec la crise économique, les violences policières, les injustices", confie-t-elle, tendue, avant de rajouter : "Les gens sont à vif. Dans ma génération, on n'a plus peur de dire que ça ne va pas du tout. C'est dur pour les trentenaires". Et on l'a bien compris, Izïa, maman d'un petit garçon, n'a pas prévu de se taire tout de suite.