Dans le tome 2 de son livre Tu sais bien, le temps passe, la journaliste Catherine Nay dévoile les secrets de présidents. Le Point dévoile des extraits de son ouvrage qui paraît aux éditions Bouquins. Dans cet opus, elle s'attarde sur les années 1995-2017, de l'élection de Jacques Chirac à celle d'Emmanuel Macron. Maîtresse de l'art du portrait, elle se souvient notamment de l'investiture du président Chirac et de son épouse Bernadette, amatrice de remarques fines et acerbes.
La scène se déroule le 17 mai 1995, au palais de l'Elysée à Paris. "Bernadette était arrivée la première. Quelques minutes avant son mari qui, tôt le matin, était allé se recueillir sur la tombe du général de Gaulle à Colombey. (...) La première dame, cheveux courts coiffés en bandeaux, portait un ensemble en soie bleu ciel. Dior ou Chanel ? Veste longue et jupe droite, un intemporel que l'on garde des années dans ses placards pour les grandes occasions : baptêmes, mariages..."
Avec son souci du détails, la narration de Catherine Nay nous permet de revivre le moment de la prise du pouvoir du politique décédé en 2009, et les coulisses. Elle décrit la première dame de France avec son sens de l'observation aiguisé : "Je ne l'avais pas vue depuis longtemps. Sa silhouette s'était pas mal alourdie. Son petit sac à la main, elle s'avançait d'un pas lent, précautionneux. Et soudain, clac ! elle s'était tordu la cheville. Pas très glamour, son entrée en scène."
A cette époque, Bernadette Chirac a presque 62 ans, c'est même la veille de son anniversaire. Une cheville blessée, quel cadeau devait-elle se dire. Catherine Nay doit la rencontrer mais le gendarme de faction se trompe et la conduit jusqu'à Claude Chirac, la fille du couple présidentiel. "J'étais arrivée avec cinq minutes de retard et m'en excusais auprès de Mme Chirac en lui en expliquant les raisons", écrit Catherine Nay. C'est alors qu'elle lui répond : "Mais comment, vous ne saviez pas que le président était veuf ?" En cette année comme durant toutes les autres, le pilier du président a toujours gardé son sang froid et son humour cinglant.