Durant plus de soixante ans, Bernadette a été la moitié de Jacques Chirac, celle avec qui il apparaissait tout le temps. Jusqu'à ce que la maladie le frappe, l'affaiblisse et le force à mettre un terme à ses sorties publiques. La dernière remontait au 21 novembre 2014, lorsque l'ancien président de la République s'était rendu au musée du quai Branly (qui porte son nom) aux côtés de François Hollande, alors président de la République, qui remettait le prix de la fondation de l'ancien chef d'État au docteur Denis Mukwege, engagé aux côtés des femmes violées en République démocratique du Congo.
Malheureusement, Bernadette Chirac n'apparaîtra plus jamais aux côtés de son époux. Jacques est mort le jeudi 26 septembre 2019 à l'âge de 86 ans. Il s'est éteint à son domicile parisien de la rue de Tournon (prêté par le milliardaire François Pinault) "paisiblement" et "au milieu des siens" comme l'a annoncé à l'AFP Frédéric Salat-Baroux, son gendre, l'époux de sa cadette Claude Chirac.
Les chemins des futurs époux se croisent au début des années 50, alors qu'ils sont tous les deux étudiants à l'Institut d'études politiques, depuis rebaptisé Sciences-Po. Rien ne les prédestinait à devenir un jour mari et femme.
À l'occasion de la sortie de Bernadette Chirac, les secrets d'une conquête, Paris Match s'était intéressé aux profils très différents des deux élèves que dresse Erwan L'Éléouet, dans son ouvrage publié en 2019 aux éditions Fayard. À l'époque, il est dit de Jacques Chirac qu'il est "volubile et séduisant." Il a du panache et du charisme, un physique avantageux et beaucoup d'ambition."
Issue d'une bonne famille, Bernadette Chodron de Courcel est très éloignée du personnage de Jacques. "Demoiselle tirée à quatre épingles", l'étudiante "cultive une pondération qui confine à l'effacement". "Catholique et chic, elle rêve d'un beau mariage et fait partie d'une petite bande surnommée ironiquement 'La Mondaine'".
L'étudiante transgresse les codes de sa bonne famille lorsqu'elle accepte de prendre un verre avec celui que toutes courtisent "à La Rhumerie sur le boulevard Saint-Germain en craignant d'être vue avec un garçon par un des siens".
Malgré les réticences de sa famille, Bernadette Chodron de Courcel épouse Jacques Chirac le 16 mars 1956. Cette union a été possible après qu'elle a empêché les fiançailles de Jacques avec une autre femme.
Parce que son clan refuse un mariage solennel dans la basilique Sainte-Clotilde (située dans le 7e arrondissement de Paris), Bernadette se marie finalement dans la chapelle de Jésus-Enfant, annexe de l'église, réservée alors au catéchisme et aux cérémonies plus intimes. Jacques porte pour l'occasion son uniforme de sous-lieutenant de cavalerie. Ce mariage lui permet de changer radicalement de milieu social.
En mars 1977, Jacques Chirac est élu maire de Paris, un poste qu'il occupera durant dix-huit ans. Quelques mois plus tard, Bernadette Chirac se présente aux élections cantonales en Corrèze et elle est élue. Elle devient alors la première femme à siéger au sein de cette assemblée départementale et à être réélue sans discontinuer depuis à chaque scrutin cantonal. Une élection qui lui a permis de gagner l'émancipation qu'elle recherchait depuis longtemps.
Après s'être présenté une première fois aux élections présidentielles en 1981, Jacques Chirac est élu une première fois le 7 mai 1995, puis le 5 mai 2002, propulsant Bernadette au rang de première dame.
L'histoire du couple Chirac est marquée par une maladie et une tragédie. Leur fille Laurence, née en 1958 est atteinte d'anorexie mentale. Après avoir longtemps espéré qu'elle parviendrait à sortir de cette spirale infernale, leur aînée décède le 14 avril 2016 des suites d'un malaise cardiaque, à l'âge de 58 ans. La vie de ses parents et celle de sa petite soeur Claude n'ont, depuis lors, plus jamais été comme avant.