Premières perquisitions dans le volet français de l'affaire Epstein. L'AFP rapporte que les policiers se sont rendus dans l'appartement parisien du défunt financier américain soupçonné d'abus sexuels sur mineures et dans l'agence de mannequins fondée par un de ses anciens proches, l'énigmatique Jean-Luc Brunel.
Autorisées par un juge des libertés et de la détention, ces perquisitions ont été menées à près d'une semaine d'intervalle : la première, à l'agence Karin Models dans le 8e arrondissement de la capitale, a eu lieu le 17 septembre, tandis que la seconde, au domicile de Jeffrey Epstein, sur la prestigieuse avenue Foch, a débuté lundi, a indiqué le parquet de Paris, confirmant une information de Franceinfo. Selon une source proche du dossier, elle a commencé à 15h00 et s'est achevée à 4h00 du matin mardi.
Ces perquisitions étaient vivement réclamées par plusieurs associations depuis l'ouverture le 23 août d'une enquête pour "viols" et "agressions sexuelles", notamment sur mineures, par le parquet de Paris, alerté sur de potentielles victimes françaises du multimillionnaire américain, poursuivi aux Etats-Unis avant son suicide en prison le 10 août.
Selon l'association Innocence en danger, l'appartement parisien de M. Epstein et ses séjours "réguliers" en France sont de nature à éveiller les soupçons. "Il appartient aux enquêteurs (...) de faire la lumière sur l'usage de (cet) appartement", avait écrit l'association dans son signalement au parquet fin juillet. L'association disait alors avoir recueilli des témoignages de victimes d'actes "commis sur le sol français" par M. Epstein, mort à l'âge de 66 ans.
Egalement perquisitionnée, l'agence Karin Models s'est refusée à tout commentaire. Cette agence a été fondée en 1978 par Jean-Luc Brunel, dont le nom figurait déjà dans l'enquête américaine visant le multimillionnaire. Une des principales plaignantes aux Etats-Unis, Virginia Roberts Giuffre, a affirmé avoir été forcée à avoir des rapports sexuels avec M. Brunel.
Dans une première procédure aux Etats-Unis, close en 2007, deux femmes l'avaient déjà accusé de jouer le rôle de rabatteur pour Jeffrey Epstein, amenant aux Etats-Unis des "jeunes filles" de milieux modestes en leur faisant miroiter des jobs dans le mannequinat.
Aux termes d'un accord controversé conclu alors avec les autorités judiciaires, le financier américain avait passé 13 mois en prison, avec un droit de sortie quotidien pour mener ses affaires, en échange de l'abandon de poursuites pénales pour recours à la prostitution. A l'époque, des messages troublants avaient été retrouvés par la police de Floride, dont celui-ci, noté en 2005 après un coup de fil de "Jean-Luc" : "Il a une prof pour vous, pour vous apprendre à parler russe. Elle a 2x8 ans, pas blonde".
En 2015, alors en froid avec Epstein, M. Brunel avait annoncé des actions en France et aux Etats-Unis pour dénoncer ces "allégations" mais aucune de ces procédures n'a prospéré.
Début septembre, une ancienne top model néerlandaise l'a par ailleurs accusé de viol au début des années 1990. Dans une lettre envoyée au procureur de Paris, que l'AFP a pu consulter, cette femme aujourd'hui âgée de 46 ans, affirme avoir été droguée et violée par M. Brunel dans un appartement parisien situé avenue Hoche, près des Champs-Elysées à Paris, alors qu'elle était tout juste majeure.
Aujourd'hui septuagénaire, cet homme, également fondateur de l'agence de mannequins MC2 Management, a été aperçu début juillet dans une soirée huppée près de Paris mais n'a pas été remarqué depuis.
Dans le cadre de l'enquête française, au moins trois femmes ont par ailleurs été récemment entendues par les enquêteurs tandis que l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) a lancé le 11 septembre un appel à témoins.