Parfois, une image en dit plus long qu'une assignation en justice. Quelques heures après l'onde de choc provoquée par la rumeur, véhiculée par le magazine L'Express, d'une fugue de la future mariée, le prince Albert II de Monaco et sa fiancée Charlene Wittstock renforcent le démenti catégorique de leur avocat en s'affichant unis et radieux sur le port Hercule, en Principauté, à quelques heures des festivités qui y seront données pour leur mariage.
Main dans la main, le souverain monégasque de 53 ans et l'ex-nageuse sud-africaine de 20 ans sa cadette font front avec sérénité et décontraction, observant et se faisant expliquer par Jean-Michel Jarre les ultimes préparatifs du monumental spectacle que le maestro de la musique électro a créé sur mesure pour eux et donnera à partir de 22 heures vendredi 1er juillet, en apothéose de leur union civile qui aura été célébrée dans la Salle du Trône du Palais princier et en trait d'union vers la cérémonie religieuse du lendemain. La scène se déroulait mardi 28 juin dans l'après-midi, sous un soleil d'excellent augure.
Une chanson pour Charlene : "Elle a dit oui"
A l'occasion de cette rencontre en mode "chefs de chantier", où le prince est apparu col de chemise ouvert et où sa belle a démontré son bien-être du moment en spartiates et leggings, Jean-Michel Jarre, choisi spécialement par eux pour marquer de son empreinte un nouveau futur moment d'anthologie, a ébruité une surprise qu'il leur a réservée. On savait que Jarre offrirait "un spectacle futuriste où architectures de lumières et de lasers, vidéo HD et pyrotechnie composent la partition visuelle d'une musique universelle", mais on ignorait son cadeau secret : une chanson pour Charlene ! "Je ne devrais pas vous le dire, lâche l'artiste à nos confrères de Nice-Matin, mais j'en ai déjà informée la principale intéressée, alors je vous livre un scoop : je jouerai plusieurs nouvelles chansons vendredi soir, dont une dédiée à Charlene." Jean-Michel Jarre, manifestement heureux de son petit effet, en dévoile même le titre, édifiant : Elle a dit oui. Amusant, quand on se souvient des déclarations de l'intéressée, qui avait confié en interview ne plus se souvenir, sous le coup de la surprise et de l'émotion, si elle avait même répondu oui à son bien-aimé lors de sa demande !
Avant d'entendre cette création de circonstance, le public massé sur le port Hercule aura savouré quatre heures d'une installation sonore en guise d'amuse-tympan. Quant au show en lui-même, Jean-Michel Jarre, passé de longue date maître en gigantisme dans des décors naturels fantastiques, en a également dit un peu plus, devant la structure déjà installée depuis quelques jours dans la rade : "Les choses correspondent à la taille de l'événement. Nous avons testé l'acoustique, qui est formidable. Et surtout, ce sera un concert high-tech. J'aurai un drone sur scène comme un personnage de Star Wars. J'ai pensé aussi les structures, comme ces ronds en forme d'yeux plantés en haut des mats. Tel un regard sur Monaco. Deux ronds qui collent aussi à la symbolique de deux anneaux pour faire écho au mariage."
La première partie, excusez du peu, sera assurée demain par les mythiques Eagles, que le prince Albert a invités à venir se produire au Stade Louis-II jeudi soir, histoire de lancer les festivités de belle manière en compagnie des sujets monégasques.
Poursuites judiciaires abandonnées ?
Nul doute que l'atmosphère de fête aura tôt fait d'emporter le scandale de cette semaine. Me Thierry Lacoste, avocat qui veille aux intérêts du prince Albert et de sa fiancée, a d'ailleurs finalement décidé, après avoir évoqué une procédure en référé et fait parvenir une assignation à la rédaction de L'Express, de ne pas poursuivre l'hebdomadaire pour ce qu'il a qualifié "d'allégation mensongère" et de "pur délire". Me Lacoste a indiqué avoir abandonné les poursuites en raison de l'acceptation de L'Express de retirer son article intitulé Péril sur le mariage. Un article pourtant toujours en ligne sur lexpress.fr, tel qu'à l'origine, simplement augmenté d'une mention du démenti princier.
Triomphant des rumeurs, Charlene deviendra dans quelques heures princesse de Monaco, dès que S.E.M. Philippe Narmino, président du Conseil d'Etat et officier d'état civil de la Famille Souveraine qui conduira la cérémonie civile vendredi, aura prononcé la formule : "Je vous déclare unis par les liens du mariage." Un moment qui aura lieu dans la Salle du Trône du palais princier, mais auxquels tous les Monégasques, qui pourront suivre la cérémonie via écrans géants, sont symboliquement conviés, les portes du palais demeurant ouvertes.
Un bouquet final déjà sensas' !
Les deux jours de célébrations s'achèveront dans la nuit de samedi 2 juillet, avec un feu d'artifice colossal qui sera l'oeuvre de l'artificier vendéen Jacques Couturier. Une "folie pyrotechnique" nécessitant 10 tonnes de matériel dont un des sommets sera sans doute les 1 001 roses de feu qui peupleront le ciel au son de L'Hymne à l'amour interprété a cappella par Johnny Hallyday.
Un spectacle que savoureront des milliers de sujets ainsi que des centaines de convives prestigieux (environ 900). S'il ne faudra pas compter sur les jeunes mariés William et Kate, en visite officielle en Amérique du Nord, ni sur Carla Bruni (l'arrivée de Nicolas Sarkozy est prévue à 16h52 soit 3 minutes avant celle du marié, le prince Albert), l'essentiel du gotha sera là, notamment : des représentants des familles royales d'Espagne (Felipe et Letizia), de Suède (Victoria et Daniel, Carl-Philip, Madeleine), de Grande-Bretagne (Edouard et Sophie de Wessex, proche amie de Charlene), de Belgique ; des chefs d'Etat ; des célébrités (Karl Lagerfeld, Naomi Campbell, Inès de la Fressange, Andrea Bocelli, Umberto Tozzi, Jean Todt, etc. Comme les sujets monégasques, ceux-ci ont été invités à offrir en guise de cadeau de mariage des dons, sur un compte nommé "Mariage Princier - TGF" créé à la Trésorerie Générale des Finances dont l'argent sera reversé à des oeuvres caritatives. Certains acteurs du luxe et de l'artisanat monégasque devraient en revanche bravé cette absence de liste de mariage en offrant spontanément quelques cadeaux de prestige.
G.J.