Si Donald Trump peut faire figure de présidentiable, alors n'importe quelle candidature au 45e mandat de président des États-Unis d'Amérique est digne d'être étudiée. Et c'est un peu dans cet esprit qu'Alice Cooper, le pape du schock rock, s'est lancé lui aussi dans la course à la Maison Blanche. À sa manière...
Jusqu'à maintenant, le rockeur de 68 ans s'était toujours tenu catégoriquement à l'écart de toute vocation politique : "Je suis extrêmement apolitique, assénait-il ainsi en 2010 dans une interview avec Rolling Stone. Je me donne beaucoup de mal pour être apolitique. Je suis probablement le plus modéré de tous ceux que vous connaissez. Quand John Lennon et Harry Nilsson se disputaient à propos de politique, comme ils en avaient l'habitude, j'étais assis pile entre eux et j'étais le type qui était là en mode 'rien à cirer'. Quand mes parents commençaient à parler politique, j'allais dans ma chambre et je mettais les Rolling Stones ou les Who tant que je pouvais pour éviter la politique. Et je n'ai pas changé."
Aujourd'hui candidat – en attendant Kanye West pour 2020... –, Alice Cooper a-t-il retourné sa veste ? Loin s'en faut, comme semble en attester le site Internet dédié à sa "campagne" ("Vote Alice Cooper"), qui, en plus de vendre des produits de campagne, prône l'ajout au célèbre Mont Rushmore du visage du regretté Lemmy Kilmister (défunt leader de Motörhead, emporté l'an dernier par le cancer) à ceux des quatre anciens présidents qui y figurent, suggère Groucho Marx comme nouvelle effigie du billet de 50 dollars et envisage une règlementation des selfies. Celui qui accusait en 2004 les musiciens soutenant le candidat John Kerry de trahison contre le rock'n'roll se pose en fait dans la satire de cette époque perturbée et de l'élection présidentielle perturbante qui se profile : observant combien les deux candidats qui incarnent le duel entre démocrates et républicains, à savoir Hillary Clinton et Donald Trump, fédèrent contre eux plutôt qu'autour d'eux, le hard-rockeur a en effet assorti sa candidature pour l'élection du 8 novembre du slogan "Un homme perturbé pour une époque perturbée".
En bon candidat qui se déclare, Alice Cooper a accordé une interview dans les règles du genre à CNN : "Alice Cooper est une institution américaine de nos jours. Peut-être devrais-je être président. Vous pouvez me faire confiance. Voici comment je vois les choses : je peux ne rien faire aussi bien qu'ils ne font rien", dit-il en visant les autres candidats.
Monsieur No More Mr. Nice Guy a profité de l'occasion pour rééditer Elected, un titre de 1972 extrait de son album Billion Dollar Babies (peu après la sortie du fameux School's Out), qu'il jouait il y a quelques semaines en concert déjà affublé de sa tenue de campagne présidentielle (un projet longuement mûri !). Parue pendant la campagne de réélection réussie de Richard Nixon, la chanson s'achevait sur les mots : "Tout le monde a des problèmes/Et personnellement, je m'en fiche." Tout un programme, parfaitement dans le ton. Johnny Depp, ami proche d'Alice Cooper qui joue régulièrement à ses côtés au sein du groupe Hollywood Vampires, prendra-t-il fait et cause pour lui ?
GJ