Le sexisme est hélas une bien triste réalité dans la vie de tous les jours, y compris dans le sport. Mais depuis plusieurs années, conséquence de l'essor des réseaux sociaux, une autre forme de sexisme fait rage et n'est pas sans conséquences sur les femmes et sportives : le cybersexisme. Dans une enquête, LCI est allé interroger plusieurs sportives, dont la tenniswoman française Alizé Cornet. Voilà plus de dix ans que la championne fréquente les courts de tennis du monde entier. Des années également qu'elle est la cible de ce qu'on appelle des trolls, plus ou moins anonymes d'ailleurs.
À LCI, la joueuse de 27 ans, finaliste de la Fed Cup en 2016, confie "s'y habituer". "Je ne pensais pas, parce que quand j'étais ado et que j'arrivais sur le circuit, j'étais très touchée par la critique en général. Et puis dix ans plus tard, je me rends compte que ça me fait rire", raconte-elle. Et d'ajouter : "C'est vrai pour n'importe quel sport : aux garçons, on demande juste d'être efficaces. Au foot, de marquer des buts, au tennis de gagner des matchs. Mais chez une fille, il faut être efficace et en plus être jolie, féminine. C'est complètement absurde."
Sur sa page Facebook, qui compte plus de 190 000 abonnés, il suffit de se plonger dans les commentaires pour voir fleurir plusieurs messages à connotations misogynes, et même sexuelles parfois. "Vas faire la femme de ménage sur la Croisette", lui écrit un internaute tandis qu'un autre, sous couvert d'un lol, affirme qu'elle est "dégueulasse à voir jouer". LCI note des propos tout aussi horribles sur la page de Laure Boulleau, une des stars du PSG féminin. "Tu t'es doigtée la chatte suite à la victoire", lui demande un anonyme. "La pouffe va jouer au ballon", surenchérit un autre, la footballeuse comptant plus de 578 000 abonnés sur Facebook.
"C'est régulier, oui", explique l'agent de joueuses Sonia Souïd (qui gère notamment Amandine Henry au PSG ou Delphine Cascarino à l'OL). "Les messages sont postés par des comptes masqués, donc ils ne se gênent pas, assure-t-elle. C'est souvent vulgaire et toujours blessant. Mais ça rejoint complètement les propos entendus dans la vie réelle, lorsque j'entends des hommes dire qu'ils ne regardent pas essentiellement le football féminin pour les passes techniques..." Devant une législation absente, des mentalités qui ne changent pas (ou évoluent très lentement), les sportives se blindent, comme Alizé Cornet. "Je ne lis même plus les commentaires qui sont écrits sur moi, je me suis blindée face à ça", assure la star française.