Son spectacle Les Chatouilles et la danse de la colère a bouleversé la première dame Brigitte Macron. La danseuse et comédienne Andréa Bescond a choisi en effet de traiter d'un terrible sujet, la pédophilie, utilisant son propre vécu. Alors que son oeuvre sera jouée exceptionnellement le 12 février au théâtre Antoine, celle qui est devenue porte-parole des mineurs victimes de viol revient sur son passé ainsi que sa rencontre avec l'homme qui l'a aidée à affronter ses douleurs, Eric Métayer. Un témoignage poignant réalisé pour L'Obs.
A 9 ans, Andréa Bescond croise le chemin d'un père de famille, boucher, qui semble bienveillant. Ami de ses parents installés dans le Tarn-et-Garonne, il lui propose des "chatouilles" : "Des viols en fait", écrit L'Obs. Elle se souvient de ses assauts et de la "petite mort" qui a suivi, de son innocence envolée. La lueur d'espoir sera quand une prof de danse voit son potentiel : elle s'en va à 12 ans à Cannes pour l'école supérieure de danse Rosella Hightower. Deux ans plus tard, elle débarque à Paris pour le Conservatoire. Les fantômes du passé ressurgissent dans le métro où elle se fait agresser, d'abord dans un wagon, puis par un agent SNCF : "J'ai supporté des attouchements pour éviter le viol." La drogue – le shit, la cocaïne et l'héroïne – lui permet de survivre aux traumatismes.
Quand l'artiste apprend que l'homme qui a brisé son enfance va être grand-père, elle décide de porter plainte. Il fera sept ans de prison : "Je me suis rendu compte que la justice est une étape nécessaire, mais qu'elle ne répare pas, elle ne reconstruit pas." Un homme va ensuite bouleverser sa vie : Eric Métayer. Le comédien et metteur en scène est subjugué par son talent et tombe amoureux. La vie d'Andréa Bescond bascule : "Du jour au lendemain, j'ai tout arrêté. J'ai passé des nuits à suer à cause du manque. Et je me suis remise à rêver." Plus loin, elle ajoutera : "J'ai vécu un traumatisme et aujourd'hui, il illumine ma vie." Mère de deux enfants, elle se bat contre le fléau de la pédophilie et notamment pour qu'il n'y ait plus de prescription pour les crimes pédophiles. Le couple Métayer-Bescond travaille désormais sur un film adapté des Chatouilles et prévu en salles à l'automne prochain. L'art pour éveiller les consciences et réparer les blessures.
Retrouvez l'intégralité de l'article dans le magazine L'Obs du 25 janvier 2018