Ensemble, les victimes trouvent la force de parler. C'est ainsi qu'aujourd'hui, les journalistes sportives dénoncent la misogynie de certaines rédactions, d'autant plus depuis la diffusion du documentaire de Marie Portolano, intitulé Je ne suis pas une salope, je suis journaliste, le 21 mars 2021 sur Canal+ - malgré quelques scènes coupées. Sur le plateau de C à Vous, c'est Anne-Laure Bonnet, ancienne présentatrice de la chaîne Téléfoot entre autres, qui, à son tour, a fait part d'expériences professionnelles affligeantes.
Ce n'est pas drôle en fait !
"Moi, j'ai vécu un directeur de la rédaction qui a envoyé un texto à un de mes collègues pendant une émission en disant : 'Tu vas passer un bon moment, parce que t'as vu le décolleté d'Anne-Laure !', a-t-elle raconté, sur France 5, à Anne-Elisabeth Lemoine. J'ai vécu ça. J'en ai parlé à la direction. On m'a répondu, 'Pff, non mais Anne-Laure, c'est normal, c'est pour rigoler'. Mais ce n'est pas drôle en fait !" Anne-Laure Bonnet l'assure, elle n'a plus jamais vécu ce genre de choses en travaillant avec des équipes plus jeunes. Mais elle garde en tête des propos déplacés, entendus tout au long de sa carrière, de la part de personnes "toujours en place", indélogeables.
Il vaut mieux être un peu plus jolie, un peu plus souriante et un peu plus sympa avec la direction
"Au bout d'un moment, ça arrive une fois, ça arrive deux fois, ça arrive trois fois, et vous savez que la personne qui est en charge de ce que vous êtes en train de faire, votre directeur de la rédaction, il vous voit comme la 'gonzesse'. La gonzesse à qui on demande de mettre des décolletés, la gonzesse à qui on demande de maigrir. Ça m'est arrivé quand je travaillais sur TF1, sur la F1, on m'avait dit : 'Si tu ne maigris pas, on t'enlève de l'antenne'. Ok, d'accord, je parle cinq langues sinon, ce n'est pas utile sur la Formule 1 ? Ben non, il vaut mieux être un peu plus jolie, un peu plus souriante et un peu plus sympa avec la direction." En 2008, Anne-Laure Bonnet co-présentait l'émission F1 à la Une avec Denis Brogniart. Elle avait, effectivement, quitté son poste un an plus tard pour travailler en Italie, sur la chaîne Sky Sport...