C'est le groupe de rock le plus désiré et regardé au monde à l'heure actuelle. Il faut dire qu'Arctic Monkeys a su cultiver une image toute particulière, à l'instar de son leader et poète devant l'Éternel Alex Turner. Douze ans après ses débuts en fanfare de l'autre côté de la Manche, le groupe britannique vient de sortir un sixième album studio, Tranquility Base Hotel & Casino, qui a divisé les fans comme la critique. Certains crient au chef-d'oeuvre ultime, déifiant un chanteur également critiqué pour son égocentrisme suranné, tandis que d'autres déplorent un virage à 180 degrés qui désarme et évoquent leur ennui palpable à l'écoute de ces nouvelles mélodies.
C'est dans ce contexte particulier que le groupe s'est offert deux soirs d'affilée dans un Zénith de Paris plein à craquer, les 29 et 30 mai. Il y a quelques semaines, les places s'étaient arrachées en une poignée de secondes, avant la sortie de l'album dont les Anglais n'avaient rien laissé transparaître – pas même un single. Et c'est justement avec ce dernier, l'excellent Four out of Five, qu'ils ont entamé, sous les vivats de fans impatients, leurs deux shows parisiens. Au menu, quelques morceaux de leur dernier opus avec en tout cinq titres joués – qui, outre Batphone, se sont plutôt bien mariés à l'ensemble – mais surtout une omniprésence d'AM, leur avant-dernier album, avec six chansons dont des incontournables comme Do I Wanna Know ou R U Mine qui a refermé le concert après une heure et demi d'oscillations musicales.
Au détour de ces vingt morceaux, Arctic Monkeys a parié sur l'équilibre, quitte à décevoir les fans de la première heure qui se sont toutefois délectés des Brianstorm, 505 ou The View from The Afternoon, vieux classiques apparus bien salvateurs pour les aficionados de guitares bien trempées et de rythmiques déchaînées. Fidèle à lui-même, Alex Turner (ex d'Alexa Chung) s'est quant à lui déhanché, a harangué et aimanté, tel un poète rock comme on n'en fait plus.
Même dans sa division, le quatuor britannique a suscité un engouement sans égal, preuve que le groupe continue et continuera de fasciner. Et il a emporté un Zénith majoritairement acquis à sa cause... Comme une sorte d'entraînement avant une plus grosse tournée qui pourrait amener la formation d'Alex Turner à son premier AccorHotels Arena.