Purepeople.com aurait pu vous proposer une interview exclusive d'Axelle Red, dans la perspective de la sortie de son nouvel album, Un coeur comme le mien, le 4 avril prochain. D'ailleurs, c'était prévu. Puis l'entrevue a été déprogrammée : "le management ne veut pas traiter avec un média people." Ah ? Pourtant, lorsque nous avons évoqué l'artiste belge dans nos pages, c'était, au cours des quatre derniers mois, pour présenter son nouveau projet musical et le single qui l'amorce, La Claque. En remontant quelques mois en arrière, nous l'incluions dans une liste des artistes engagées - ce qu'elle est depuis, pour ainsi dire, toujours, et pour diverses causes - en faveur de l'environnement. En matière d'intrusion dans la vie privée, on a vu pire, non ?
Bref, pas de rencontre avec Purepeople.com, point. Pas même de négo. Nada. Mais dans ce cas, il ne fallait pas invoquer le motif de la connotation people : car, dans les entretiens d'Axelle Red avec France-Soir ou 20 Minutes.ch, publiés au cours des dernières heures, il n'est question QUE de vie privée, pas tellement de musique ! Son mari, sa fille en pleine puberté, etc., tout y passe. Et puisque nous n'avons pas été autorisés à recevoir ses confidences, musique ou people (il faut appeler un chat un chat), nous ne nous privons pas de vous proposer une petite revue de presse de ce sur quoi l'intéressée s'est épanchée ailleurs.
Rétablissons la vérité, chez France-Soir, c'est du 50/50. Un demi-feuillet de survol de l'album, un demi-feuillet "Mère et femme avant tout" (une people avant d'être une artiste, donc ? C'est à en perdre son flamand...). "La Belge de 43 ans quitte son costume de jeune romantique pour se faire mutine. Quelle claque ! (ouarf, jeux sur les mots, NDLR)", lit-on dans le quotidien. Non mais ça va pas ou quoi ? Ils en sont restés à Sensualité (1993), chez France-Soir ? Et Le monde tourne mal (même album), c'est du romantisme ? Les tours de chant avec Youssou N'Dour et consorts pour les Nations-Unies entre autres, c'est du romantisme ? L'album à coups de gueule Face A / Face B, avec ses brûlots urgentistes sociaux, géopolitiques, etc. ? On nous présente Le Grand Départ, "portrait d'une jeune Nigérienne de 15 ans enceinte d'un homme blanc et rejetée par sa famille", comme une révolution dans le répertoire de l'artiste... Vraiment ? Ce sont pourtant des thématiques à l'oeuvre dans la vie et la carrière d'Axelle Red depuis longtemps...
On en restera donc aux données techniques : la participation d'une clique d'orfèvres masculins pour mettre en forme des idées éminemment féminines - Gérard Manset, Miossec, Florent Marchet, Ben Mazué ou encore le vieil ami suisse Stephan Eicher (sans accent et sans "e", Magali de chez France-Soir ou le/la SR) -, l'ambiance country folk pour se saisir de thèmes graves comme les violences domestiques, l'église de Woodstock qui a servi de studio d'enregistrement, ou encore cette vision de la principale intéressée : "J'ai eu envie de raconter une histoire différente sur chaque titre. J'aimerais qu'on pense à des images de cinéma quand on écoute cet album. A un film de David Lynch, ou à Thelma et Louise." Son seul témoignage direct sur l'album. Voilà pour la page musique, place à la page femme...
Ses filles...
On sous-entend ses années de globe-trotteuse au contact des violences en tout genre, on effleure son engagement au côté de l'Unicef (depuis une quinzaine d'années) : "Un travail lourd pour une épouse et une mère de famille qui doit aussi penser aux siens", paraphrase France-Soir d'après l'aveu d'Axelle Red : "A quoi ça sert de sauver le monde si on ne peut pas être présent pour les siens ? Ma mère me disait souvent : "Toi avec ton empathie, tu ne réponds même pas au téléphone"." Plus loin : "Je ne reste jamais longtemps loin de mes filles (Janelle, 12 ans, Gloria, 8 ans, Billie, 6 ans). Quand je viens à Paris pour donner des interviews, je rentre tous les soirs avec le Thalys pour être auprès d'elles. Ma grande de 12 ans est en pleine puberté et ce n'est pas facile. Elle est adorable mais je me prends dans la tête toutes les erreurs que j'ai déjà faites dans son éducation. Pourtant, j'ai vraiment essayé de bien les élever en communiquant beaucoup."
Son mari...
Du côté de son interview pour 20Minutes.ch, même cocktail d'arguments batailleurs à la fondation de son album et de confidences rares. Cela fait 23 ans qu'elle est avec le même homme, son mari depuis 1998, et pourtant Axelle Red est toujours aussi amoureuse. "On est totalement à l'écoute l'un de l'autre. On se respecte énormément. On partage beaucoup de choses ensemble et on essaie de rester amoureux, c'est important. En fait, on a de l'empathie." C'est rare qu'elle parle, et de sa vie privée encore plus.
Axelle Red a parlé de tout, et surtout de rien, enchaînant les banalités avec conviction.
Le tsunami au Japon : "C'est terrible."
Renaud qui a replongé dans l'alcool : "On est tous accros à quelque chose..."
Dénominateur commun à toutes les interviews : les violences faites aux femmes, partout dans le monde. L'aiguillon de son nouvel album. A propos de son titre La claque : "Le message principal de cette chanson est que cette femme a su dire stop. Les victimes de violences doivent quitter leur partenaire quand ça leur arrive. Elles n'ont pas à subir ça !" Au supplément du JDD, Version Femina,elle déclarait en substance la même chose : "Cet album s'est aussi pas mal construit autour des injustices faites aux femmes, notamment aux plus jeunes."
Puis elle a trouvé le moyen de choquer, parlant de religion. Son opus est enregistré dans une église studio, mais ce n'est en aucun cas par implication : "C'est juste qu'il y avait une bonne acoustique, de bons échos. Le fait d'être dans une église donne un côté solennel, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à l'hypocrisie des gens qui y vont pour se confesser, dire pardon à Dieu alors qu'ils ont fait du tort à leurs proches et qu'ils continueront à le faire. Je suis une religieuse sans dieu : je crois aux valeurs, mais je ne crois pas du tout en Dieu."
En bref, bien peu d'indices sur la matrice artistique de cet album. Tant qu'à parler de la femme et de la militante, Purepeople.com n'aurait pas dénoté.
A bon entendeur...
G.J.