Le monde de la mode est en deuil. Le couturier franco-tunisien Azzedine Alaïa est décédé à l'âge de 77 ans, selon des informations du Point. Adulé par le monde de la mode dans les années 1980 pour ses robes ultra-moulantes, époque pendant laquelle il remporte notamment un Oscar de la mode, il était aussi un anticonformiste.
L'histoire d'Azzedine Alaïa débute dans les années 1960, lorsqu'il débarque en France après la guerre d'Algérie et intègre rapidement la maison Dior qui est alors dirigée par Yves Saint Laurent. Il y restera... cinq jours, faute de papiers. Déterminé, il poursuit sa formation chez Guy Laroche et Thierry Mugler, avant de se lancer en solo avec une petite clientèle dans son atelier de la rue de Bellechasse. Les femmes apprécient son travail près du corps, ses formes soulignées, ses lignes moulantes.
Ex-étudiant en sculpture aux Beaux-Arts de Tunis, Azzedine Alaïa finit par monter sa propre maison de couture en 1980. Les mannequins se bousculent au portillon. Il collabore avec Naomi Campbell, Linda Evangelista, Stephanie Seymour mais aussi ses muses, l'actrice Grace Jones et la mannequin Farida Khelfa. D'Arletty à Tina Turner, de nombreuses personnalités ont cherché à porter du Azzedine Alaïa, un couturier bien moins médiatique que ses rivaux.
Ainsi faisait-il peu d'interviews et préférait les défilés intimistes aux shows spectaculaires. De même, il ne présentait ses collections qu'une fois que celles-ci étaient parfaitement terminées, refusant de se plier au timing de l'agenda de la mode, ce qui lui a valu quelques critiques. En 2011, alors que la maison Dior lui propose de reprendre du service en prenant la succession de John Galliano, il refuse et se lance dans la haute couture.
"Azzedine est magnanime. Il est le parrain de trois de mes fils. Il aime partager son enthousiasme, sa curiosité et son talent avec nous qui formons sa famille et avec ceux qui sont touchés par les vêtements qu'il conçoit", racontait Julian Schnabel à Madame Figaro qui offrait sa couverture au créateur il y a une semaine tout juste. "Azzedine dort à peine. Parfois même, il ne dort pas du tout", évoquait notamment le peintre néo-expressionniste et cinéaste à qui on doit Le Scaphandre et le Papillon. "Il travaille comme s'il courait après le temps pour inventer toutes les versions possibles de ce qui pourrait être une robe, un manteau, une jupe, les éléments fondamentaux qu'une femme peut porter pour se vêtir. En faisant cela, il trouve le moyen de créer de la beauté avec précision et amour. C'est un hôte infatigable. Il est toujours là, toujours présent, toujours disponible", a-t-il également déclaré.