Porté au pouvoir par une quantité incroyable et inédite de célébrités, qui se sont très ostensiblement engagées à ses côtés et ont, pour certaines, donné de la voix lors de son concert d'investiture, Barack Obama enregistre ce vendredi un cinglant effet boomerang : un manifeste l'accusant d'être complice de crimes de guerre et de violations des droits de l'homme doit être publié aujourd'hui par la New York Review of Books, validé par des figures éminentes de l'intelligentsia ou du showbiz - l'appel lancé sur Internet totalisait jeudi en milieu de journée plus de 1 800 signatures.
A l'image du linguiste et philosophe Noam Chomsky (qui a publié ces dernières années plusieurs ouvrages sur les enjeux au Moyen-Orient et sur le pouvoir), de l'acteur réalisateur Mark Ruffalo (Zodiac, Blindness, Sympathy for Delicious, Shutter Island) ou de l'acteur engagé James Cromwell (Babe, Larry Flint, L.A. Confidential, The Queen...), opposant farouche à George W. Bush et à la guerre en Irak avant même son commencement, acteurs et intellectuels de gauche, ceux-là mêmes qui l'avaient aussi ardemment soutenu, s'en prennent au leader américain : "un crime est un crime, peu importe qui le commet", assènent-ils alors que le manifeste est illustré de portraits - semblables à ceux réservés aux criminels recherchés par le FBI - de George W. Bush et de Barack Obama.
La perpétuation de la politique de guerre de son prédécesseur au Proche-Orient, les dérives sécuritaires dont le feu vert donné à "l'assassinat" d'Anwar al-Aulaqui, un citoyen américain soupçonné de comploter avec Al-Qaïda au Yémen... : les détracteurs de l'actuel président américain sont tout aussi virulents qu'ils furent enthousiastes en portant Obama jusqu'à la Maison Blanche. "D'une certaine façon, c'est pire que Bush, parce qu'Obama a revendiqué le droit d'éliminer des citoyens américains qu'il soupçonne d'être des terroristes, simplement sur la foi de ses propres doutes ou de ceux de la CIA", soulève le manifeste. Un réquisitoire acerbe...
G.J.