L'arroseur arrosé... Le tout puissant patron du Bayern Munich, Uli Hoeness, se retrouve au coeur d'un scandale financier digne de l'histoire du compte secret en Suisse de Jérôme Cahuzac. L'homme s'est fait le chantre du fair-play financier en Europe pour les clubs de foot, et a toujours clamé à qui voulait l'entendre qu'il était un modèle d'honnêteté et d'intégrité...
Oui mais voilà. Le boss de Franck Ribéry dispose d'un compte en Suisse sur lequel il aurait déposé, légalement, plus de 10 millions d'euros, mais sans prévenir l'administration allemande. Petit problème, le dirigeant bavarois n'aurait jamais payé les taxes liées aux intérêts que lui a rapportés ce compte. L'affaire, exposée au grand jour ce week-end par Bild, faisant suite aux révélations de l'hebdomadaire Focus du samedi 20 avril, fait grand bruit outre-Rhin. On apprenait ainsi qu'Uli Hoeness, 61 ans et propriétaire d'une grosse société de production de saucisses, avait avoué l'existence de ce compte en janvier aux autorités, ce qui avait conduit le parquet de Munich a ouvrir une enquête. L'ancien joueur aujourd'hui dirigeant couronné de succès aurait déjà payé plus de 6 millions d'euros d'arriérés d'impôts, mais pourrait voir la facture s'alourdir un peu plus, d'autant qu'un accord signé entre la Suisse et l'Allemagne qui aurait permis à l'homme d'être blanchi en ne payant qu'une seule pénalité a été annulé à la suite de la mobilisation de l'opposition sociale-démocrate.
Contrairement à Jérôme Cahuzac, Uli Hoeness ne quittera pas son poste à la tête du Bayern de Munich, comme il l'a indiqué ce lundi, alors qu'il se retrouve raillé par la presse, qui se plaît à rappeler ses déclarations passées. "Je sais bien que c'est idiot, mais je paie mes impôts au prix fort", déclarait-il ainsi en 2005 dans Bild. Ou plus récemment, lorsqu'il évoquait son "logement social", en comparaison du "petit château de la Sarre" du leader de la gauche radicale allemande Oskar Lafontaine. Un logement social très particulier puisqu'il s'agit d'une immense villa traditionnelle bavaroise au bord du lac Tegern, où vivent nombre de millionnaires et dont la valeur est estimée à 5,2 millions d'euros...
Enfin, celui qui s'était fait l'ardent défenseur du fair-play financier, dénonçant les clubs européens, en particulier anglais et espagnols, construisant leurs effectifs sur des dettes abyssales, se retrouve dans une fâcheuse posture. On se souvient également de ses diatribes à l'encontre du Paris Saint-Germain et de ses stars, achetées à coups de millions, tout en prônant la gestion parfaite du Bayern Munich.
Une révélation malvenue donc, à quelques heures à peine d'une demi-finale de Ligue des champions face au FC Barcelone. Et qui met à mal un personnage haut en couleur.