Les victimes supposées de la perversion sexuelle de Bill Cosby n'en finissent plus de se déclarer. Elles étaient déjà 35 à apparaître ensemble sur la couverture choc du New York Magazine l'été dernier, assises tel un jury prêt à prononcer à l'unanimité un verdict de culpabilité, pour des faits hélas en très grande majorité prescrits. Depuis, leur nombre a encore augmenté, et d'autres témoignages sordides se sont fait entendre, décrivant toujours le même modus operandi - la victime était d'abord droguée, puis agressée sexuellement. Un procédé dont l'intéressé avait reconnu avoir usé, lors d'une précédente procédure, en 2005.
Deux nouvelles femmes ont rallié les rangs vendredi, portant lors d'une conférence de presse toujours les mêmes accusations contre l'ex-star du Cosby Show, et la série est toujours en cours : l'avocate Gloria Allred, qui représente déjà plusieurs des plaignantes et a obtenu de la justice que l'acteur âgé de 78 ans soit contraint de témoigner à huis clos devant la cour suprême de Los Angeles, a indiqué que d'autres victimes supposées s'apprêtent encore à porter plainte.
Dottye, l'une de ces deux nouvelles accusatrices, a raconté comment Bill Cosby a abusé d'elle en 1984, alors qu'elle avait 30 ans. Comme d'autres, c'est sous couvert de lui faire passer une audition que l'ancien pater familias idéal de la télévision l'aurait attirée chez lui, dans sa maison de l'Upper East Side à New York, un soir. "Détends-toi, nous allons faire un exercice", lui aurait-il intimé, la faisant ensuite tournoyer dans la pièces, après qu'elle eut bu quelques gorgées du verre qu'il lui avait tendu. "Une fois qu'il a arrêté, j'avais la tête qui tournait, j'étais désorientée et je me suis sentie mal. Quelques secondes plus tard, je me suis mise à vomir", a raconté Dottye. Selon un processus similaire à celui relaté par d'autres victimes supposées, il l'aurait ensuite déshabillée, mettant son linge à la machine, et lavée. Avant de la violer, dans l'escalier en redescendant de la salle de bain puis dans le salon, de la rhabiller, et de la faire sortie de chez lui, refermant la porte derrière elle. Il l'aurait même appelée le lendemain pour du sexe par téléphone... La jeune femme, décidée à faire carrière comme actrice, n'a elle non plus pas porté plainte : elle est même allée assister par la suite à un enregistrement du Cosby Show, et n'a pas hésité à emmener ses parents à la rencontre de son agresseur après une de ses représentations à Las Vegas ! "Je n'ai pas compris, jusqu'à l'an dernier, lorsque ces femmes ont commencé à raconter ce qui leur était arrivé, que j'avais été droguée ce soir-là, explique-t-elle. Je suis rentrée chez moi pleine de honte, je me détestais de l'avoir laissé faire. Je pensais qu'il avait eu tort, mais, à l'époque, que moi aussi j'avais eu tort."
Donna Barrett, l'autre plaignante qui s'est révélée vendredi au cours de la même conférence de presse (elles n'étaient pas les premières à se présenter collectivement devant les médias pour livrer leurs récits abominables), a décrit une situation différente, mais également similaire à des faits rapportés par d'autres : en 2004, elle aurait subi des attouchements de la part de Bill Cosby lors d'une séance photo avec son équipe d'athlétisme à l'Université de Pennsylvanie, l'acteur en profitant alors pour s'approcher d'elle par derrière et la serrer de force contre ses parties intimes : "Eh, amène ça par ici, ma belle, vas-y", lui aurait-il dit ce faisant. "Il me serrait contre son corps sans que je puisse bouger, sans mon consentement", a-t-elle relaté, racontant qu'il l'immobilisait en la tenant par le bras et la taille et expliquant s'être plainte auprès des autorités présentes, mais que "personne ne savait quoi faire".
Je peux assurer Bill Cosby que d'autres viendront...
"Chaque histoire doit être dite parce qu'il ne peut y avoir de responsabilité sans vérité, et il n'y a jamais assez de vérité (...) Je peux assurer à M. Cosby qu'il y a encore d'autres victimes qui auront suffisamment de courage pour se révéler dans l'avenir", a signalé l'avocate Gloria Allred, en écho à ses récents propos sur le fait que la quantité d'avocats embauchés par l'acteur ne le sauveront pas du scandale. A ce sujet, il a renvoyé il y a quelques jours son avocat Martin D. Singer, qui le représentait dans deux des dossiers. Alors qu'il a déposé début octobre à huis clos dans le cadre des allégations de Judy Huth pour des faits remontant à 1975 (elle avait alors 15 ans), il pourrait être jugé pour l'agression sexuelle d'une certaine Chloe Goins, qui ne tombe pas sous le coup de la prescription.