Loin du cinéma, Brigitte Bardot, 83 ans, a publié ce 25 janvier Larmes de combat (chez Plon). Un livre "testamentaire" qui dépeint avec force ses convictions, ses révoltes et ses espérances pour la défense des animaux, son plus grand combat depuis plusieurs années. L'occasion elle d'évoquer très largement ce grand chapitre de son existence au cours d'une interview-fleuve accordée au Monde.
"Sans eux, je me serais suicidée", dit-elle. Elle précise : "Je sais que j'ai symbolisé l'image de la frivolité. Mais je ne m'amusais pas. Le fond n'était que gravité. Ce sont les animaux qui m'ont sauvée." C'est vers eux qu'elle se tourne définitivement lorsqu'elle quitte le cinéma, un monde qui n'est "que superficialité et frivolité". "Tout y est faux. Les décors, les situations, les sentiments, et la plupart des gens. Sans parler de ce nombrilisme qui fait croire aux acteurs qu'ils sont le centre du monde ! Je déteste le culte de la personnalité, lâche-t-elle. Il fallait que mon imprésario me botte le cul pour que j'aille aux premières de film et dans les cocktails. J'en avais horreur. La simple lecture d'un scénario m'angoissait, et pendant la vingtaine d'années où j'ai enchaîné les films, j'avais le ventre noué et je développais un herpès au début de chaque tournage. Avec toujours ce même sentiment de vacuité."
Au printemps 1973, elle quitte définitivement le septième art. Elle pense, à tort, trouver la paix et le calme loin des caméras. Mais aujourd'hui encore, elle se sent poursuivie, épiée. "Il suffit qu'un connard se pointe avec un téléphone, et hop ! Photo ! Je ne le supporte plus. Du coup, je ne sors même plus au restaurant où Bernard, mon mari qui me comprend si bien, voudrait parfois m'emmener. Je ne veux pas voir les gens", déplore tristement l'iconique actrice.
Je me sens même un peu la fille de mon fils, alors que je suis arrière-grand-mère !
Dans l'interview, il n'est pas question que d'animaux et de son regard amer sur le monde qui l'entoure. Elle évoque aussi la maternité et son fils, dont elle parle rarement. "Je ne voulais pas donner naissance à un être humain supplémentaire. J'estime qu'il y en a trop sur Terre. Et ils me font peur", dit-elle notamment, avant d'être interrogée sur son fils né en 1960, "dans des circonstances cauchemardesques". "Traquée par des hordes de paparazzi qui encerclaient mon domicile et ont gâché irrémédiablement ce moment. Ce fut un traumatisme. J'étais trop jeune, trop épiée, trop instable, totalement à la dérive, affolée par la vie. Affolée... Je ne pouvais pas m'occuper de ce petit être", confie BB.
Avouant n'avoir jamais eu l'instinct maternel – "alors que je l'avais avec les animaux", susurre-t-elle – Brigitte Bardot se félicite que son fils Nicolas se soit "forgé tout seul une vie, en Norvège, et il a réussi" : "Nicolas a aujourd'hui 57 ans et il est merveilleux. Il adore les enfants, s'occupe énormément de sa famille, et de moi aussi par la même occasion. Je me sens même un peu la fille de mon fils, alors que je suis arrière-grand-mère !"