En 2019, on célébrera nos dix ans d'amour pour Camélia Jordana. L'adolescente à la voix envoûtante révélée dans Nouvelle Star s'est mue en une jeune femme aux choix de carrière intéressants : elle a notamment travaillé avec Laurent Bardainne de Poni Hoax pour son dernier album, Lost, ou joué dans Le Brio d'Yvan Attal, un film plutôt malin, qui lui a valu un César... Ses prises de parole ne manquent pas de profondeur, non plus. Sa notoriété ne la protège toutefois pas toujours du racisme, comme lors du Festival de Cannes en 2014. C'est ce qu'elle raconte à Paris Match, en kiosques ce 31 octobre 2018, à l'occasion de la sortie d'un nouveau film, Chacun pour tous, actuellement sur nos écrans, et de la sortie de son troisième album, Lost, attendu le 9 novembre.
Dans cette interview, Camélia Jordana (26 ans) parle de féminisme, des questionnements de sa génération, de son désir de porter un message. C'est dans cette optique qu'elle chante par exemple Avec le temps, ce monument de la chanson française signé Léo Ferré, en arabe : "Peut-être que, désormais, lorsqu'une gamine entendra de l'arabe à la radio, elle n'aura plus honte que sa mère et sa tante le parlent dans un magasin, comme c'était mon cas quand j'étais petite."
Reste que passer à la radio n'est pas une évidence puisqu'il semble y avoir des quotas : "Dans les radios, on dit à mes attachés de presse : 'Désolés, mais on ne peut pas passer la chanson de Camélia parce qu'on a déjà un titre d'Indila en playlist.'" Il y a ce racisme ordinaire, sournois, et des attaques plus frontales comme cette mésaventure arrivée au Festival de Cannes il y a quatre ans : "J'étais venue pour Bird People [de Pascale Ferran, film très bien reçu par ailleurs, NDLR]. Un mec m'a regardée de la tête aux pieds dans un ascenseur et m'a balancé : 'Tiens, je ne savais pas qu'il y avait des kebabs maintenant au Martinez !"
Dans son dernier clip Gangster, Camélia Jordana incarne plusieurs femmes volontaires mais dépassées (par toutes sortes de systèmes oppressifs, dont le star-système) qui reprennent tant bien que mal le pouvoir ; parfois en pleurant, tout simplement. La production du titre et l'audace dans le chant de Camélia Jordana en font une vraie réussite.