À Cannes elle est née aux yeux du monde entier, à Cannes elle revient pour ouvrir les festivités.
Un an après le prix d'interprétation remis à Jean Dujardin pour The Artist, c'est au tour de Bérénice Bejo de briller au Festival de Cannes. Maîtresse de cérémonie de la 65ème édition, l'actrice de 35 ans est arrivée sur scène dans une robe écarlate de diva, entourée d'un silence.
C'est d'ailleurs avec une petite pointe d'humour que ses premiers mots ont été un hommage au film phénoménal de son compagnon Michel Hazanavicius : "J'aime ce silence." Dans le palais de la cinéphilie, elle évoque les silences de Wong Kar-Wai, les amants de Pedro Almodovar, les fusillades de Quentin Tarantino ou encore l'inoubliable Marcello Mastroianni, avant de revenir vers son histoire d'amour avec le cinéma.
The Artist que j'aime
En l'occurrence, le moment où Michel Hazanavicius lui a parlé de l'idée de The Artist, alors intitulé The Beauty Spot : "J'ai eu une super idée, tu vas te taire pendant 1h40." "Le rêve d'un homme", plaisante t-elle, avant de remercier Gilles Jacob et Thierry Frémeaux, qui avaient permis au film muet d'entrer en sélection officielle au dernier moment, lui ouvrant la voie vers son destin. Émue, elle admet que le succès de The Artist est amusant : "C'est fou le succès de ce film où les Français se taisent. Un message ?"
Les minutes passent, et l'habituel hommage au septième art arrive. Bérénice Bejo évoque le bruit de la foule, des tournages et des machines à écrire des scénaristes. Kyan Khojandi sourit, visiblement enchanté par l'interprétation de l'actrice avec laquelle il a collaboré pour le discours. Elle continue : "Toi qui te moque de ceux qui regardent les films avec des grands yeux d'enfants, tais-toi. Toi qui répond au téléphone au milieu de la séance, tais-toi. C'est toujours le cinéma qui a le dernier mot."
Place aux rois
Les membres du jury Alexander Payne, Emmanuelle Devos, Raoul Peck, Andrea Arnold, Hiam Abbas, Jean-Paul Gaultier, Ewan McGregor et Diane Kruger sont accueillis par la maîtresse de cérémonie, qui présente le président Nanni Moretti via une série d'extraits de l'acteur et réalisateur. Sous un tonnerre d'applaudissements, il déclare qu'il est fier de mener "le plus important festival de cinéma du monde" et remercie la France, "ce pays qui contrairement à d'autres, réserve toujours un rôle important au cinéma dans la société".
Puis vient une suite d'extraits des films sélectionnés aux quatre coins du monde. Marion Cotillard sur les épaules Matthias Schoenaerts et Emmanuelle Riva au piano de Michael Haneke. Mads Mikkelsen chez Thomas Vinterberg et Isabelle Huppert exportée chez le Coréen Hong Sang Soo. Le voyage japonais d'Abbas Kiarostami et le retour de Brad Pitt chez Andrew Dominik après L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (2007). Une vision fantasmée de Nicole Kidman en mariée sensuelle et une autre de Robert Pattinson chez David Cronenberg.
Rock'n'Cannes
Après cet échantillon de la sélection officielle, Beth Ditto apporte un vent de fraîcheur sur la cérémonie avec la reprise de la chanson d'Elton John, Candle in The Wind. Un nouvel hommage à l'icône Marilyn Monroe, qui prête son visage à l'affiche du Festival de Cannes 2012. Plus tard, Solweig Rediger-Lizlow reprendra d'ailleurs la célèbre I Wanna Be Loved By You dans une robe acidulée, sur le plateau du Grand Journal.
Un peu bancale, l'arrivée de Tilda Swinton, Bruce Willis, Edward Norton et les autres acteurs du film de Wes Anderson Moonrise Kingdom vient sonner la fin de la cérémonie et le début des festivités. Avec une amusante tentative de coordoner l'ouverture du Festival de Cannes, qui sera désormais le centre de toutes nos attentions.