Que faut-il retenir de la cérémonie de clôture du 69e Festival de Cannes ? La Palme d'or évidemment, remise à Moi, Daniel Blake, de Ken Loach, qui en a désormais deux après l'avoir décrochée il y a dix ans pour Le Vent se lève. S'il a livré un discours puissant, il n'est toutefois pas le seul. Notons également une séquence musicale entraînante et un Laurent Lafitte qui ne vannera personne mais fera honneur à la grandeur du 7e Art. Purepeople récapitule pour vous les moments forts de la soirée.
La Caméra d'or, remise par la réalisatrice Catherine Corsini (La Belle Saison), présidente du jury, et le réalisateur Willem Dafoe récompense les premiers films, toutes catégories confondues. Le prix est revenu à Divines d'Houda Benyamina (Quinzaine des réalisateurs). Les actrices du films étaient particulièrement émues autour de leur réalisatrice : "J'arrête pas de dire à mon producteur que j'en ai rien à foutre de Cannes. Mais là, maintenant que je suis ici... Cannes c'est nous aussi, c'est possible... C'est juste une tuerie que ce soit une femme qui me remette le prix." Un discours très fort, très vivant de la part de cette jeune femme. "Je leur ai mené la vie dure sur le plateau...On m'appelait le dragon sur le tournage, on n'a pas le droit d'être fatigué quand on fait du cinéma." Laurent Lafitte essaie d'écourter son discours mais elle a le temps de faire des youyou pour sa maman, son mari et ses enfants. Si les réseaux sociaux ont souligné son expression "t'as du clito" qu'elle lance à son ami et collaborateur, on retiendra avant tout sa conclusion : "Cannes est à nous, les femmes."
Après ses répliques acides lors de la cérémonie d'ouverture et notamment ses réflexions sur les réalisateurs poursuivis pour viol aux Etats-Unis - attention, ce n'était pas, s'est-il défendu, pour blesser Roman Polanski et Woody Allen, mais pour viser le puritanisme américain -, Laurent Lafitte a choisi manifestement les jeux de mots cinéphiles et l'hommage visuel très réussi. Ainsi, avant d'entrer dans la salle, on le découvre dans des scènes de films mythiques : Nosferatu, West Side Story, Shining ou encore Le Mépris, dont l'une des images a été utilisée pour l'affiche officielle de Cannes.
Sur RTL, Laurent Lafitte avait expliqué sa démarche, réfutant avoir été sommé de ne pas faire de vagues pour la clôture, à la différence de l'ouverture. "Je suis totalement libre, j'étais totalement libre sur l'ouverture", assure-t-il au micro de RTL. Le comédien explique que "tous [ses] textes ont été validés". Le spectacle sera néanmoins différent puisque lors de l'ouverture "personne n'a vu les films donc il y a de la place pour raconter des bêtises, faire le sale gosse et s'amuser avec les codes cannois". Mais à la clôture, "les enjeux sont autres que ma petite personne qui fait un show, donc là il faut être sur les lauréats, les servir", confie Laurent Lafitte, qui promet, toutefois, ne pas "devenir quelqu'un d'autre". "Ça va rester dans ce que j'aime écrire, mais ça sera moins le show."
L'as de la trompette Ibrahim Maalouf revisite comme personne les airs mythiques. Avec son instrument, on revit de façon unique Les Parapluies de Cherbourg comme Pulp Fiction, avec l'aide d'une foule d'artistes comme L.E.J. La salle guindée du Palais des festivals ne se lève pas pour danser, c'est bien dommage car l'ambiance est pourtant enflammée.
Diffusée en clair sur Canal+, la cérémonie de clôture du Festival de Cannes a été suivie par 1,74 million de cinéphiles, soit 7,9% de l'ensemble du public. C'est mieux que l'an dernier (1,5 million), mais pas encore au niveau de celle de 2013 (2,2 millions), année du sacre de La Vie d'Adèle.