Pour sa nouvelle édition, le Festival de Cannes s'ouvre avec la projection, ce mercredi 11 mai, de Café Society, réalisation de Woody Allen. À l'intérieur du palais des festivals, c'est l'acteur Laurent Lafitte, pensionnaire de la Comédie-Française, qui a obtenu le fameux rôle de maître de cérémonie, succédant à Lambert Wilson. Le jury est lui mené par celui qui a bluffé le festival l'an dernier avec son Mad Max - Fury Road, George Miller.
Woody Allen et l'équipe de son Café Society sont accueillis par une pluie d'applaudissements. Avant que son film soit lancé, la cérémonie d'ouverture débute. Le maître de cérémonie, Laurent Lafitte, arrive sur scène avec sa moustache mais aussi deux compères, l'un un peu rond, l'autre petit : "On a tous nos secrets de beauté. C'est ce qu'on appelle l'effet de contraste." Il poursuit : "Dans un an, ce sera le 70e Festival. Le président nous promet une sélection exceptionnelle. Mais bon, en attendant, bienvenue au 69e. Un Festival qui m'a fait rêver de l'âge de 10 ans jusqu'à la montée des marches d'Afida Turner. Qui aurait dit que je serais debout devant Woody Allen ? Qui lui reste assis... Merci beaucoup d'être là, même si c'est la moindre des choses. Vous ne risquez pas grand-chose puisque votre film n'est pas en compétition. Et puis vous avez beaucoup tourné en Europe, alors que vous n'avez jamais été condamné pour viol aux Etats-Unis [une référence à Roman Polanski et... aux accusations de sa fille Dylan Farrow que son fils Ronan a relancées ?, NDLR]. Et vous faites tourner pour de petits rôles mal payés des Français [il n'a pas besoin de cité Carla Bruni-Sarkozy dans Minuit à Paris, tout le monde aura compris, NDLR]." Il citera d'autres maîtres de cérémonie comme Neil Patrick Harris et Anne Hathaway quand alors surgissent sur scène des danseurs et danseuses en smoking qui font tournoyer l'acteur, avant de disparaître. "Cannes c'est pas la vraie vie, c'est comme une parenthèse enchantée. Bref, je ne cautionne pas le Festival car je ne comprends pas l'idée de vouloir gagner des prix. Regarder par exemple Hitler. Non, mauvais exemple [Lars von Trier s'en souvient, NDLR], qui va se retourner contre nous. La vraie star, c'est la sélection. Donc monsieur Thierry Frémeaux, le délégué général. (...)"
Tout de noir vêtue, Catherine Deneuve a droit à une standing ovation quand elle assure son happening. Elle embrasse fougueusement Laurent Lafitte puis s'en va, révélant sa traîne couleur carmin au public. "Voilà, qu'est-ce que je disais. C'est un peu pénible ces choses qui n'arrivent qu'à Cannes." Rappelons que la grande Deneuve était déjà venue pour la cérémonie d'ouverture l'an dernier.
Se remettant de ses émotions, il présente les membres du jury sur des musiques de films emblématiques (à dominante tarantinesque) : Arnaud Desplechin, Kirsten Dunst, Valeria Golino, Mads Mikkelsen, Làszlo Nemes, Vanessa Paradis, Katayoon Shahabi, Donald Sutherland. Puis arrive l'Australien George Miller. "C'est La Petite Lili, L'Effrontée... et la mauvaise personne. Bon c'est George Miller [avec l'accent]. 'L'an dernier Lambert Wilson disait : Cannes est une femme.' Alors quoi de plus logique qu'une belle bagnole pour démarrer ?", dit avec ironie Laurent Lafitte en annonçant le réalisateur de la saga Mad Max.
George Miller, noeud pap' blanc et lunettes teintées, offre ses premiers mots pour les membres du jury qu'il a été ravis de rencontrer hier, louant l'humour notamment de Donald Sutherland. "Je peux vous dire que quoi qu'il arrive, ce jury va délibérer de façon assidue et passionnée. Il va y avoir beaucoup de débats. J'ai hâte de commencer. C'est un immense honneur pour nous d'être ici."
"Depuis les attaques de Paris, on nous dit que nous sommes en guerre. Un jour un cinéaste donnera son regard sur ce qui s'est passé. Et là il faudra un Gus van Sant, un Roberto Benigni..." Laurent Lafitte annonce, avec sérieux cette fois, la séquence en hommage à Paris. Il retrouve son ton humoristique pour compiler les pitchs des films en compétition. Après une présentation des longs métrages en image, l'irruption d'une vieille dame avec ses chiens, arrive un couple de cinéma, Vincent Lindon (prix d'interprétation pour La Loi du marché), très très barbu, et Jessica Chastain, star de The Tree of Life, Palme d'or. Chacun a des mots émus pour le Festival qui montrent des films qui aident à se battre contre les préjugés et les injustices. Pour finir, l'acteur français césarisé rendra hommage aux femmes, - à la lumière du scandale Didier Baupin ?
Autre hommage, celui de Matthieu Chedid à Prince, reprenant avec sa guitare, le culte Purple Rain. Et c'est ainsi que le 69e Festival de Cannes, qui dure jusqu'au dimanche 22 mai, commence...