Dans l'histoire de la mode, il y a eu ce phénomène pour le moins unique des supermodels. Il s'agissait d'un groupe de mannequins devenus aussi célèbres que des popstars ou des actrices hollywoodiennes. Carla Bruni en faisait partie, sous l'impulsion de quelques couturiers visionnaires, le premier d'entre eux étant le regretté Gianni Versace.
Le 22 septembre 2017, pour le final du défilé printemps-été 2018, Donatella Versace a rendu hommage à son frère, assassiné vingt ans plus tôt, en réunissant sur le podium quelques-unes de ses favorites : Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Cindy Crawford, Helena Christensen et Carla Bruni, toutes drapées d'or. Ne manquait à l'appel que Linda Evangelista qui avait résumé l'essence des supermodels par cette petite phrase devenue célèbre : "Je ne me lève pas le matin pour moins de 10 000 dollars la journée."
Vingt ans après ses adieux aux podiums, l'année de ses 30 ans, Carla Bruni retrouvait donc ces spotlights le temps d'un tableau nostalgique dont la bande-son était le culte Freedom! '90 de George Michael. C'est peu dire que Donatella a réussi son effet. Un effet aussi fort pour les supermodels que pour les spectateurs, parcourus d'un frison avant de se lever pour applaudir les femmes qu'admiraient tant George et Gianni. Dans Numéro, Carla Bruni revient sur ce coup d'éclat bouleversant : "Ça m'a émue pour ne pas dire secouée. (...) D'abord c'était agréable, parce que c'était merveilleux de retrouver toutes les filles et la famille Versace, de se remémorer avec bonheur Gianni et ses défilés. Troublant, parce que c'était comme rebrousser chemin, faire un pas en arrière. Et triste, parce que tout à coup, je me suis rendu compte que Gianni n'était plus là, que George Michael n'était plus là [le chanteur décédé en décembre 2016 avait fait tourner les supermodels dans deux de ses clips, ndlr] et que notre jeunesse n'était plus au rendez-vous, elle non plus. En même temps, je suis sûre que Gianni et George sont là-haut quelque part, tranquillos, en train de boire un petit verre à notre santé."
Je n'ai jamais fini à poil dans la piscine à 7h du mat'
Sur le phénomène des supermodels, Carla Bruni dit qu'il doit beaucoup à la volonté de couturiers comme Versace et Karl Lagerfeld : "Gianni nous a mises en valeur et a fait de nous des vedettes. Il aimait les femmes fortes, victorieuses, un peu splendides. La femme soumise, ce n'était pas sa came. Il faisait tout pour nous sublimer." Le créateur italien est l'un des premiers à avoir misé sur cette jeune Turinoise qui prend un malin plaisir dans Numéro à réduire en poussière un à un nos fantasmes sur cette époque, comme les fêtes prétendument orgiaques qu'organisaient Gianni et Donatella : "Vous avez été mal renseignés, parce que lorsque je connaissais Gianni, il était plutôt du genre à se lever à 7h du mat'. Gianni et Donatella se tuaient au travail. Et si je suis allée à de nombreuses soirées chez Gianni, je n'ai jamais fini à poil dans la piscine à 7h du mat'." Quant à Naomi Campbell, dont Carla est restée proche, non, elle "n'est pas méchante".
Interrogée sur le monde du mannequinat d'aujourd'hui et les mesures prises pour la santé des filles qui défilent, Carla Bruni note une vraie différence par rapport à son époque : "Bien plus que la minceur, c'est l'âge. Nous, on avait toutes 25, 26 ans, alors que maintenant, certaines d'entre elles ont l'air d'avoir 15 ans." Plus jeunes et donc plus vulnérables semble vouloir dire Carla Bruni.
Dans cette grande interview, elle aussi évoque la genèse de sa collaboration avec le mythique David Foster, qui a réalisé son nouvel album French Touch, mais aussi ce qu'elle a fait de tous les cadeaux reçus lorsqu'elle était première dame (réponse : ils sont restés sur place puisque adressés "à la fonction, pas à la personne"), et tord le cou a quelques idées reçues sur sa vie amoureuse. Carla ne retient que deux hommes : son ex-compagnon (aujourd'hui son ami) Raphaël Enthoven, le père de son fils Aurélien, 16 ans, et, bien sûr, son époux Nicolas Sarkozy, père de leur adorable Giulia, 6 ans. L'artiste, entourée de sa famille, était tout récemment en Grèce pour chanter et défendre ses nouvelles chansons. Elle chantera le 2 décembre au Trianon à Paris.