La mort de Grace Kelly, le 13 septembre 1982 à 52 ans, a précipité le prince Rainier III et ses enfants, Caroline, Albert et Stéphanie, dans un abîme de douleur et de tristesse.
Dans Albert II de Monaco, l'homme et le prince, livre d'entretiens paru le 14 mars 2018 à l'occasion du 60e anniversaire de l'actuel souverain monégasque, la benjamine de la fratrie, grièvement blessée dans l'accident, revient sur l'union sacrée qui leur a permis de ne pas sombrer : "Nous nous sommes tous soutenus comme nous le pouvions. Pour moi, les choses étaient particulières, j'étais blessée, je suis restée un peu handicapée pendant quelques mois. Chacun de nous a essayé de se reconstruire, et tous les trois nous nous sommes serré les coudes pour notre papa, dont la souffrance était la plus grande, lui qui se sentait le plus... vide, le plus abandonné. Être solidaires autour de lui, voilà ce qui nous semblait le plus important. Et je crois que cela nous aidait, d'une certaine manière, à gérer notre propre peine."
Elle m'a demandé de prendre du temps pour Andrea, Charlotte et Pierre
Huit années plus tard, la princesse Caroline de Monaco vivait un nouveau deuil terrible, confrontée en octobre 1990 au décès de son époux Stefano Casiraghi, tué à 30 ans dans un accident de motonautisme. Elle-même en avait 33 et, après sept ans d'un mariage heureux, se retrouvait seule pour élever trois tout jeunes enfants privés de leur père : Andrea Casiraghi avait alors 6 ans, Charlotte 4 ans et Pierre 3 ans. Un grand malheur que son petit frère le prince Albert, plus jeune de 14 mois, l'a aidée à surmonter, comme il le révèle de manière émouvante dans le recueil de confidences publié pour son anniversaire, fruit de conversations avec les journalistes Isabelle Rivère et Peter Mikelbank. "Cela me semblait naturel, relate-t-il, d'aider ma soeur aînée face à la tragédie qu'elle vivait : la perte de Stefano, son mari, le père de ses enfants. Je ne me suis pas posé de question, je lui ai tout de suite dit : 'Si tu as besoin de moi, je suis là.' Elle m'a demandé s'il me serait possible de passer chez elle régulièrement, de prendre du temps pour Andrea, Charlotte et Pierre, qui étaient encore très jeunes tous les trois. Pendant toute une période, j'ai fait en sorte d'être là presque tous les soirs, parfois même pendant la journée. Cela me semblait naturel. C'est ce que des frères et soeurs font les uns pour les autres dans les moments difficiles, dans les moments où le besoin d'aide et de soutien se fait sentir."
Bien avant de devenir père à son tour, à 50 ans passés, lorsque la princesse Charlene a mis au monde le 10 décembre 2014 le prince Jacques et la princesse Gabriella – ses "babas" comme il les appelle –, Albert II de Monaco a donc provisoirement incarné pour ses neveux et sa nièce une figure paternelle dans ces circonstances difficiles. Une présence salutaire pour Caroline, sa complice privilégiée depuis leur plus tendre enfance. "Mon frère était mon principal compagnon et camarade de jeu, d'où la fréquence de nos disputes. Nous étions comme chien et chat. J'étais horrible", se remémore-t-elle dans le même ouvrage avec une grande tendresse et beaucoup d'admiration pour la nature de son petit frère, "son immense gentillesse, sa bonté, cette profonde honnêteté, cette droiture dont il faisait preuve lorsqu'il était enfant et [qu'elle] retrouve aujourd'hui encore".
Des années après ce nouveau drame, la princesse Caroline épousait en troisièmes noces en 1999 le prince Ernst August de Hanovre, avec qui elle a eu la princesse Alexandra (18 ans) et dont elle est depuis séparée. Devenu père en février 2017, Pierre Casiraghi a choisi d'appeler son fils Stefano.
Albert II de Monaco, l'homme et le prince – Conversations avec Isabelle Rivère et Peter Mikelbank, Fayard, 300 pages, 22 euros. Maintenant disponible.