Presque un an après le Festival de Cannes, le duel entre Polisse et The Artist est à nouveau au centre du cinéma français. Mais avec treize nominations et seulement deux petits victoires, le film choc de Maïwenn est sans conteste le grand perdant de la cérémonie des César - une triste surprise.
Si la bataille entre les très populaires Polisse, Intouchables et The Artist promettait d'être corsée, tout le monde semblait s'accordait à dire que chacun des trois films se devait de remporter au moins une statuette majeure - film, réalisateur, acteur et actrice. Après le César de Michel Hazanavicius comme meilleur réalisateur pour The Artist et celui du meilleur acteur pour Omar Sy, le sacre de Polisse comme meilleur film de l'année semblait couler de source. Erreur.
Dépassé par le film muet avec Jean Dujardin et Bérénice Béjo, la bridage des mineurs filmée par Maïwenn est repartie bredouille - avec le César du meilleur espoir et du meilleur montage, Polisse est clairement perdant. Une déception à la hauteur des espoirs placés dans le film aux 2 millions d'entrées, qui menait clairement les nominations.
Armée d'un beau sourire lors de son arrivée au théâtre du Châtelet, Maïwenn s'est lentement éteinte au cours de la soirée. Encouragée par un premier César pour Naidra Ayadi, l'une des révélations de Polisse, elle a notamment fondue en larmes lorsque sa monteuse Laure Gardette est venue recevoir le prix du meilleur montage et lui a rendu un très bel hommage.
À peine montée sur scène, Laure Gardette appelle Maïwenn pour lui déclarer son amour : "C'est la plus belle occasion qui m'est donnée de te remercier Maïwenn. Je vis des aventures cinématographiques avec toi incroyables.Et ce César, je suis heureuse de l'avoir aujourd'hui car c'est avec toi. (...) Tu es ma petite fée. (...) Avec toi, ce qui est incroyable, c'est qu'on se sent libre dans nos émotions, dans nos expressions. C'est un cadeau de travailler avec toi."
Naturellement touchée par ce beau discours, Maïwenn tente de contenir son émotion avant d'être achevée par les derniers mots de sa collaboratrice : "Tu me dis souvent que je t'aime trop. Moi je te dis que je ne t'aimerai jamais assez, Maïwenn."
Malheureusement, ces larmes resteront les dernières versées par la réalisatrice de Polisse. Visiblement déboussolée par le palmarès, Maïwenn n'a pas suivi l'euphorie générale après la cérémonie et n'était pas présente lors du dîner au Fouquet's aux côtés des vainqueurs.
Une chose est pourtant sûre : après Pardonnez-moi (2006) et Le Bal des actrices (2009), Polisse est la preuve définitive que Maïwenn (malgré son sale caractère et son côté trop "cash" ?) est une des cinéastes les plus incroyables du cinéma français - qui aura certainement l'occasion de le lui faire savoir dans un futur proche.